Chants védiques


Nous signalons au lecteur le texte très intéressant de Michel Angot sur les cantillations védiques à l'intérieur de l'introduction à sa traduction de la Taittiriya-Upanisad (Taittiriya-Upanisad, avec le commentaire de Samkara, par Michel Angot, 2 tomes, Paris, Publications de l'Institut de Civilisation Indienne, 2007). On y trouve le descriptif des techniques propres aux chants védiques. 

Une abondante bibliographie liée Védanta se trouve aussi dans cet ouvrage, bibliographie lisible en pdf ici.

Nous ne résistons pas à la tentation de vous présenter plusieurs extraits de quelques livres fondamentaux de l'Advaita Vedanta : Ellam Onru, Bhaja Govindam, Ribhu Gita, Avadhuta-Gita, Ashtavakra-Gita. 

En souhaitant à tous une bonne lecture. 



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Tout est Dieu (Ellam Onru) 



"L'incessante recherche du Soi, nous l'appelons Amour Suprême de Dieu, car Lui seul est établi comme Soi au-dedans du coeur de tous." 

Sri Râmana Maharshi 



Comme tous les êtres vivants, les hommes cherchent à atteindre le bonheur et à échapper à la souffrance. Cela vaut pour la plupart des êtres humains, mais il en est, d'une tout autre dimension, qui gardent l'attitude juste, et s'accommodent patiemment du bien comme du mai qui leur arrive. La compagnie de tels êtres est autrement profitable que celle des gens ordinaires. Le bien ne peut advenir au monde que grâce à ces hommes de dimension supérieure. 

La question se pose alors : -qu'est-ce que le vrai Bien ? Malgré l'importance de cette question, une réponse claire n'a pu être trouvée, car le "bien" est déterminé en fonction des circonstances. Une oeuvre de recherche sur le sujet, aussi complète fût-elle, oubliera d'envisager telle ou telle circonstance déterminante. Par conséquent il s'avère nécessaire pour tous de réaliser l'état qui rend apte à évaluer les situations et à déterminer ce qu'est le vrai Bien. 

Cet état est unique. Aucun autre ne lui est comparable. Bien qu'étant L'Unique, il est étonnant que pour le "sens commun" il soit jugé "excessivement rare". Quoi de plus extraordinaire ?.. Cet état unique est très clairement décrit dans les Upanishads. 

Dans ce livre, j'expose la même vérité, selon ma compréhension. je ne prétends pas à une quelconque originalité. Ce n'est que mon devoir. 

Les chapitres de ce livre sont intimement liés, au point que tel aspect attendu ici sera traité là... De plus, certains aspects ne paraissant pas clairs après une lecture superficielle, s'éclaireront par une étude plus approfondie. Mais il y a peut-être plus à apprendre auprès d'oeuvres ou de Sages Majeurs... 

Mère Universelle, Maître Véritable, Venez-nous en aide ! 




1. UNITE 

1 -Tout, incluant le monde que tu vois, ainsi que toi-même, le témoin du monde, tout est Un. 

2 - Tout ce que tu considères comme étant moi, toi, lui, elle, et cela, tout est Un. 

3 - Les êtres sensibles, ainsi que l'inerte et l'insensible (la terre, l'air, le feu et l'eau), tout cela est Un. 

4 - Le bien-être qui résulte de la conscience que " tout est Un", ne peut être obtenu par une conscience fragmentaire, séparant les choses et les êtres : tout est Un. 

5 - La connaissance de l'unité de toutes choses est bonne, autant pour toi que pour les autres : tout est Un. 

6 - Celui qui voit «je suis séparé", "tu es sépare Il$ "il est séparé", etc, agit d'une certaine façon envers lui-même, et d'une toute autre façon envers les autres. Il ne peut s'en empêcher. La pensée "chaque être est séparé des autres", est la graine d'où s'élève l'arbre de la discrimination arbitraire des actes (en fonction de la diversité des personnes). Comment pourrait-il y avoir un défaut de vertu chez celui qui sait qu'il y a unité entre lui et les autres ? Aussi longtemps que le germe de la différenciation est présent, l'arbre correspondant est à même de fleurir, que l'on s'y attende ou pas. Il faut donc renoncer à cette faculté de différenciation. Tout est Un. 

7 - Question : dans le monde, les choses paraissent différentes ; comment puis-je alors considérer le tout comme étant Un ? Y-a-t-il un moyen d'atteindre à cette connaissance ? La réponse est celle-ci : dans un même arbre nous voyons des feuilles, des fleurs, des fruits et des branches, différents les uns des autres, et qui pourtant ne font qu'un, étant tous compris dans le mot "arbre". Leur racine est la même, leur sève est la même. Ainsi, toutes les choses, tous les corps, tous les organismes, proviennent d'une même source et sont activés par un seul et même principe vital: tout est Un. 

8 - Ô homme de bien ! L'affirmation "tout est Un" est-elle bonne ou mauvaise ? Réfléchis. De même que la personne qui se voit elle-même comme elle voit les autres et les autres comme elle-même ne peut qu'être honnête et juste, de même comment le mal pourrait-il s'attacher à celui qui sait qu'il fait un avec les autres ? Dis-moi s'il existe une meilleure voie vers le Souverain Bien que la connaissance de l'Unité ? Il n'y en a certainement pas. Comment quelqu'un pourrait-il aimer les autres mieux qu'en sachant qu'ils sont lui-même ? Il les connût en tant qu'Unité -, il les aime en tant qu'Unité, puisqu'en vérité, ils sont Un. 

9 - Qui petit partager la paix mentale et le calme du connaisseur de l'Unité ? Il n'a pas de soucis. Le bien-être de tous est son propre bien-être. Une mère considère le bien-être de ses enfants comme le sien propre. Cependant son amour n'est pas parfait, parce qu'elle se croit individuellement séparée de ses enfants. L'amour d'un Sage ayant réalisé l'Unité de toutes choses dépasse, et de très loin, même l'amour d'une mère. Il n'y a pas d'autre moyen pour réaliser un tel amour que la connaissance de l'Unité: tout est Un. 

10 - Sache que le monde dans son ensemble constitue ton corps impérissable, et que tu es toi-même la vie perpétuelle du monde entier. 


Y-a-t-il du mal à faire ainsi ? Qui a peur de suivre la voie sans blâme ? Sois téméraire. Les Védas enseignent cette vérité. Il n'y a rien d'autre que toi. Le Souverain Bien t'appartient. Oui, tu es ce Souverain Bien toi-même. Tout ce que les autres pourront tirer de toi sera du Bien, uniquement. Qui donc s'emploierait a agir contre ses propres corps et âme ? S'il y a un abcès dans le corps, un remède lui est appliqué ; même s'il s'avère douloureux, son objet est de faire du bien, uniquement. Il en ira de même pour certaines de tes actions, dont le but sera le bien du monde. C'est pourquoi tu ne dois pas t'empêtrer dans la différenciation. 

En résumé : le connaisseur de l'Unité agit de la meilleure des façons. C'est la connaissance de l'Unité qui le fait agir. Il ne peut se tromper. Dans le monde, il est Dieu devenu visible. Tout est Un. 





II. TOI 

1- Qui es-tu ? Ce corps, est-ce toi ? S'il en est ainsi, pourquoi n'as-tu pas conscience du serpent qui glisse sur lui lorsque tu es en sommeil profond? Certainement, tu es autre que ce corps. 

2 - Parfois, dans ton sommeil, tu as un rêve; alors, tu t'identifies à un personnage ; ce personnage, est-ce toi ? Non. Ou alors, que devient-il à ton réveil ? Tu ne peux être lui. Plus encore, tu as presque honte de t'être identifié à lui. Il est clair que tu n'es pas ce personnage ; tu es celui qui se tient à l'écart. 

3 - Souviens-toi à présent de l'état de sommeil sans rêves. Est-ce celui de ta nature véritable? Tu ne le crois sans doute pas, car tu n'es pas insensé au point de t'identifier à ces épaisses ténèbres qui t'empêchent de connaître l'état où tu te trouves. Grâce à l'intellect, tu es capable de te distinguer des objets environnants : comment pourrais-tu admettre que tu es la même chose que l'ignorance, ou le vide ? Comment cela pourrait-il être ta véritable nature ? Ce n'est pas possible. Tu es le Connaisseur qui sait que cet état est un voile obscur et dense recouvrant ta véritable nature. L'ayant condamnée après en avoir fait l'expérience, tu sais que tu n'es pas cette sombre ignorance du sommeil profond. Tu es celui qui se tient à l'écart de cela aussi. 

4 - Si tu admets que même ce corps grossier n e est pas toi, peux-tu imaginer être quel qu'autre chose de plus éloigné? Non. De même que tu n'es pas ce corps grossier, tu n'es pas non plus quelque chose d'autre qui s'en trouverait plus éloigné -, ni le personnage du rêve; ni l'ignorance du sommeil profond. Tu es différent de ces trois états, et de ce monde. 

5 - Ces trois états peuvent se résumer en deux conditions : l'une où prédomine la conscience sujet-objet (qui comprend les états de veille et de sommeil avec rêves), et 1 autre, qui est celle de l'inconscience du sujet lui-même (comprenant l'état de sommeil profond). Toutes les expériences possibles sont comprises dans l'une ou l'autre de ces deux conditions. Et elles sont toutes deux étrangères à ta vraie nature, qui est toute autre. 

6 - Si tu te demandes ce qu'elle est, son nom est Turiya, qui signifie "le Quatrième" (état). Ce nom est approprié, car il semble dire: "les trois états de ton expérience - veille, rêve et sommeil profond - te sont étrangers ; ton véritable état est le Quatrième, qui est différent de ces trois-là". En supposant que ces trois états (veille, rêve et sommeil profond) forment ensemble un long rêve, le quatrième représente le réveil mettant fin à ce rêve. Ainsi, il est plus profond que le sommeil profond, et en même temps plus "éveillé" que l'état de veille. Ton véritable état est donc ce de Quatrième", se distinguant de tes états de veille, sommeil avec rêves, et sommeil profond. Tu es cela, uniquement, 

7 - Comment est ce quatrième état ? Il est la Connaissance qui ne particularise pas ; il est pleine Conscience de soi-même. Cela signifie que le quatrième état est pure Connaissance, sans conscience du particulier, mais en pleine conscience de Soi. Seul celui qui réalise cet état, même pour un seul instant, réalise la vérité. Tu es cela, uniquement. Qu'y-a-t-il de plus pour celui qui a réalisé le "Quatrième" ? 

En pratique, il n'est pas possible pour quiconque, de demeurer à jamais dans cet état qui est l'état sans connaissance du particulier. Celui qui a réalisé le quatrième état, tôt ou tard revient à ce monde -, mais pour lui le monde n'est plus comme avant - il voit ce qu'il a réalisé comme étant le quatrième état, rayonner en toutes choses. 11 ne voit plus ce monde comme différent de cette Pure Connaissance. Ainsi, ce qu'il a vu à l'intérieur, il le voit maintenant, d'une manière différente, aussi à l'extérieur. Ayant quitté le stade de la différenciation, il est à présent établi dans l'état de non-différenciation, où qu'il se trouve. Désormais, il est Tout. Il n'y a rien qui soit différent de lui. Que ses yeux soient fermés ou ouverts, quels que soient les changements pouvant survenir, son état demeure inchangé. Cela est l'état de Brahmati, Cela est l'état naturel éternel. Tu es cet état, éternellement Vrai. 

8 - Il n'y a rien au-delà de cet état. Les mots "intérieur" ~ , et " extérieure", perdent leur sens. Tout est Un. Le corps, la parole et le mental ne peuvent plus fonctionner égoïstement: Il Grâce les anime, pour le bien de tous. Le il moi" fragmentaire est perdu à jamais., L'ego ne peut plus revivre. Il est dit alors qu'il est libéré ici et maintenant. Il ne vit pas parce que son corps vit, ni ne meurt parce que son corps meurt . il est éternel. Il n'y a rien d'autre que lui. Tu es celui-là. 

9 - Qui est Dieu ? Il est Grâce. Qu'est-ce que la Grâce? La Conscience, sans l'ego fragmentaire. Comment peut-on être sûr qu'un tel état existe ? Seulement en le réalisant. Les Védas louent celui qui réalise Cela, comme étant celui qui a réalisé Dieu, devenant un avec Lui. C'est pourquoi, ce que le monde peut nous apporter de meilleur, et ce que nous pouvons lui rendre de meilleur, c'est la réalisation de cet état. En fait, il n'y a pas d'autre état que celui-là ; les autres n'apparaissent que dans l'ignorance. Pour celui qui sait, il y a un état, uniquement: Tu es Cela. 




III. DIEU 

1 - qui est Dieu ? Dieu est Celui qui transcende tout ce que nous percevons. S'Il est transcendant au monde, comment peut-il y avoir une relation entre Lui et le monde ? Il n'y a, en fait, pas une particule ici qui ne Lui soit reliée. Alors, que signifie qu'Il "transcende le monde" ? Le monde, cela veut dire nous-mêmes et ce que nous percevons. En d'autres mots, les êtres animés et inanimés ensemble forment le monde. Parmi ces catégories, nous estimons que les êtres conscients sont supérieurs. Que dire de Celui qui créa tous les êtres ? La seule chose que nous pouvons comprendre c'est qu'Il est au-delà des catégories d'êtres que nous connaissons. Notre raison ne peut aller aussi loin. Notre Créateur nous est donc supérieur, et ne peut être appréhendé par la raison. Son nom, Kadawul ('Etre Transcendant"), signifie qu'Il surpasse notre raison. 

2 - Dieu ne peut-il alors être connu de nous ? Il n'en est pas tout à fait ainsi car dans un sens, 11 se laisse connaître par nous, et ce don de Sa Grâce doit nous suffire. Nous n'avons pas besoin de toute Sa grandeur. Il en a fait connaître assez pour que notre souffrance soit supprimée. Il n'y a pas de raison pour Lui de révéler un iota de plus de son pouvoir, qu'il n'en faut pour remédier à nos défauts dans l'état présent. C'est ainsi qu'Il se fait connaître selon nos besoins. Il est donc bien là, en quelque sorte à portée de notre connaissance. 

3 - Qu'est-ce donc, qui nous permet de L'avoir à portée de notre connaissance ? Le fait qu'Il est connu en tant qu' Être - Conscience - Béatitude. 

L'Être (Sat), désigne l'Impérissable, ce qui Est, pour l'éternité. S'il venait à cesser d'être, ne fût-ce qu'un moment, qui serait Son destructeur ? qui L'a créé ? La nature périssable de toutes choses nous enseigne que Tout est dirigé par l'Un impérissable. Ce Seigneur des Seigneurs, immortel, est Dieu. Sa nature impérissable est litre (Sat). 

Par Conscience (Cit), il faut entendre Connaissance. Connaissance absolue, opposée à la connaissance ordinaire, sujette à l'erreur. Ni l'irrégularité ni l'erreur ne peuvent l'entacher. C'est La Connaissance, pure et simple. Celui qui est à l'origine de la Création, si parfaite et ordonnée, même parmi les êtres inanimés, nous enseigne fréquemment ainsi: "ta connaissance est irrégulière et erronée." 

Une histoire célèbre raconte l'étonnement d'un incroyant devant l'un des prodiges de la nature : "pourquoi a-t-Il fait si petite la graine de l'arbre banyan qui est si grand ?" Un système où même les objets inanimés sont en ordre et ont une fonction utile, est forcément dirigé par un pouvoir conscient. Est-ce qu'un simple objet inanimé peut faire quelque chose relevant de la connaissance infaillible ? Et notre mode de connaissance imparfaite, le peut-il ? Non, ce n'est pas possible. C'est pourquoi il est dit que Dieu est Conscience (Cit). 

La Béatitude, ou Félicité (Ananda), est l'état libre de désirs. C'est la plénitude de paix. S'il Lui restait encore le moindre désir, comment pourrait-Il être meilleur que nous-mêmes ? Comment pourrions-nous obtenir de Lui la félicité ? Lui-même aurait alors besoin d'un autre être pour satisfaire ses désirs. 

Mais qui peut concevoir Dieu ainsi ? 

L'état de satisfaction intérieure caractérise la félicité. C'est pourquoi Il est Félicité, ou Béatitude l'Ananda) Etre, Conscience et Béatitude sont inséparables. Individuellement, ils sont sans valeur. C'est pourquoi Il est connu, Lui, en tant quitte - Conscience - Béatitude (Saccidânanda) 


4- Celui qui a réalisé le quatrième état et voit tout en tant qu'Un, celui-là connaît vraiment Dieu en tant quitte - Conscience - Béatitude. Les mots ne peuvent exprimer, ni les oreilles entendre, à quel point un tel être est uni à Dieu; c'est une question de réalisation; ; et il existe des voies et des moyens pour une telle réalisation. Ils peuvent être énoncés, appris et mis en pratique. Celui qui peut réaliser ainsi, est Dieu. 

5 - Il n'a pas de nom; nous Lui donnons un nom. Il n'a pas de forme; nous Lui donnons une forme. Est-ce condamnable ? Quel nom n'est pas le Sien ? Quelle forme n'est pas la Sienne ? Quel est le son, la forme où Il ne se trouve pas . C'est pourquoi, en l'absence de la vraie connaissance de ce qu'Il est, tu peux Le nommer comme tu préfères, ou L'imaginer sous la forme qui te convient le mieux pour garder Son souvenir. Tout espoir d'obtenir Sa Grâce sans aucun effort est complètement vain. S'il était possible d'obtenir Sa Grâce de cette façon, tout serait pareil, il n'y aurait aucune raison pour qu'il existât des différences. Il nous a montré les voies et les moyens. Efforce-toi, atteins le but ; sois heureux ; ta paresse et ton égoïsme te font espérer Sa Grâce sans aucun effort, or la règle est valable pour toi comme pour tous. Ne relâche pas tes efforts. Dieu ne peut être réalisé que par ton effort. 

6 - Il est un effort qui surpasse tous les autres. Il peut paraître moins efficace que la dévotion à Dieu avec nom et forme. Pourtant, c'est bien celui-ci le plus efficace : c'est tout simplement l'amour que tu portes à tous les êtres, pour le meilleur et pour le pire. En l'absence d'un tel amour pour tous, ta dévotion envers Dieu n'est que parodie. Quel sens cela a-t-il pour Dieu, si tu recherches auprès de Lui la satisfaction de tes désirs, sans faire ton devoir envers les malheureux ? Il n'y a là que pur égoïsme. Il n'y a pas de place auprès de Dieu pour des personnes aussi égoïstes, seuls les actes désintéressés y ayant droit de cité. Par conséquent, sachant bien qu'l1 est au centre de toute chose, dévoue-toi à Lui. Dieu est Celui qui suscite la plus haute dévotion. 

7 - A mesure que tu attribues des noms et des formes à Dieu, tout en faisant preuve d'amour pour tous les noms et formes; ayant compris qu'ils sont tous Siens, ton mental va mûrir progressivement. De même que le goût d'un fruit s'améliore à mesure de sa maturation, de même en va-t-il, en toi, de la croissance du bien et du déclin du mal. À un certain stade de la maturation de ton mental, le moment viendra où il te faudra rencontrer ton maître. Ceci ne signifie pas que tu dois aller à sa recherche, ou lui à la tienne. Au moment voulu, la rencontre aura lieu, chacun s'y étant dirigé à sa manière. C'est votre complémentarité qui vous amènera à vous rencontrer, qui établira ta confiance en lui, adaptera son enseignement pour toi, et te rendra apte à le suivre. Celle-là est la voie directe pour aller à Dieu qui est de réaliser le quatrième état. Tu suivras la vole et atteindras ton but, qui est Être - Conscience - Béatitude, qui est Dieu. 

8 - La voie enseignée par le maître est définitive, directe ; dirigée vers l'Unité, elle est naturelle et sans artifices, éprouvée depuis longtemps, non douloureuse. Lorsque tu es sur cette voie, il ne peut plus y avoir ni doute, ni peur . la peur et le doute, ne sont-ce pas les caractéristiques des voles des ténèbres ? Comment pourraient-elles te rencontrer dans la voie de la Vérité qu'enseigne le mettre ? 

Ainsi, la vole te parlera d'elle-même, t'indiquant le bon chemin. Alors, il ne te restera plus qu'à rencontrer ton maître et à apprendre de lui. Cette voie vous est commune, a tous les deux, par la Volonté de Dieu. Avant toi, ton maître l'a parcourue. Il te montrera le chemin et tu le suivras. À combien d'autres enseigneras-tu ce même chemin? Et combien d'autres suivront-ils après ? D'évidence, la peur et le doute n'ont pas de place dans la voie de la Vérité. Une fois que tu auras fait un pas en avant, tu ne reculeras plus. L'aide du maître est effective pour ce. premier pas uniquement. Tu n'as besoin de rien faire pour que la voie te soit enseignée par ton maître. Sache qu'il est le messager de Dieu, envoyé pour révéler la voie à ceux qui sont prêts, qui ont mûri par leurs propres efforts, accomplis dans l'une ou l'autre des deux directions dont nous allons parler. C'est Dieu qui envoie ce messager divin dès que le degré de maturité suffisant est atteint. 


9 - La pratique avec foi, mais sans Connaissance, est nommée Bhakti; la même avec Connaissance est nommée jnâna. 

Il y a deux sortes de Bhakti : l'une est la dévotion à Dieu avec nom et forme, l'autre est l'amour pour tous les êtres (Karrna). jnâna aussi est divisée en deux - la pratique de la voie juste enseignée par le maître, nommé yoga, et l'état qui en résulte, qui est pure jnâna. 

Il est naturel de croire à quelque chose que l'on ne voit pas pour finalement le trouver. Ceux qui ne croient pas ne trouvent jamais, Les croyants, tôt ou tard, réussiront, les non-croyants, jamais. Tu peux croire même pour la seule raison que la Foi en Dieu ne fait pas de mal. Tu en recevras ta part d'effets bénéfiques. Ce monde existe uniquement pour susciter la Foi en toi. Voilà le but de la création. Aie la Foi et tu pourras atteindre Dieu. 


10 - Même si tu ne crois pas tout ce qui est dit de Dieu, crois au moins qu' "Il y a Dieu". Cette graine révèle une grande puissance lors de sa croissance, au point qu'elle peut tout nier, et tout remplir par elle-même. Sa toute-puissance est telle que tu ne verras rien d'autre que Dieu, même pas toi-même. En vérité, Dieu est Tout. 





IV. PAIX 

1 - Qu'est-ce que la Paix ? Lorsqu'un homme est en sommeil profond, bien que le monde subsiste, en a-t-il le moindre souci ? Son mental est tranquille et reposé. S'il peut conserver ce degré de calme et de repos mental même lorsqu'il se trouve en activité au sein du monde, alors la Paix est réalisée. 

2 - Le mental peut-il demeurer ainsi, même lorsque nous sommes confrontés au monde ? Cela dépend de notre façon d'appréhender le monde. Le mental est plus agité si c'est sa propriété qui est pillée, que s'il s'agit de celle d'un autre. La perte d'un bien propre cause plus de souci que celle du bien d'autrui. Pourquoi ? Parce que notre manière d'évaluer les choses est ce qui détermine le degré de plaisir ou d'anxiété qu'elles nous procurent. Par conséquent, si l'on apprenait à voir tout d'un oeil égal, le mental demeurerait en paix. Le mental qui, sait que les affaires de l'univers dépassent ses compétences, se tranquillise nécessairement. De même, si l'on a conscience de n'avoir plus aucune prétention envers quoi que ce soit, ou que toutes choses sont périssables, le mental demeure calme. Ainsi la Paix s'installe durablement si l'on porte sur toutes choses un regard équanime. 

La Paix dépend de la façon dont le mental appréhende les choses. 


3 -Illustration de ce qui précède: un homme se réveille après avoir fait un rêve. Son mental était heureux, ou ennuyé, selon ses opinions à propos des choses vues dans le rêve ; mais au réveil, son mental demeure inaffecté par toutes les péripéties du rêve ; il demeure équanime. Pourquoi ? Parce que ce n'est qu'à ce moment (au réveil) que son mental se permet d'évaluer tous les éléments du rêve de manière égale. Il ne regrette pas que le rêve ait cessé. Pourquoi ? Il sait que le rêve n'est pas éternel mais doit s'achever au réveil. De même, si un homme sait que tôt ou tard il ne pourra que s'éveiller du long rêve de la vie en ce monde, son mental deviendra immuable. C'est l'état du calme pur. C'est l'état de Paix. 

4 - Cet état ne signifie pas pour lui la fin de sa relation au monde. Seuls la paix et le calme du mental lui appartiennent. Ses actes ne pourront que s'adapter aux circonstances. Le seul changement qui soit intervenu avec ce gain de la paix mentale est le suivant : son mental a connu la Vérité et réalisé le détachement -, par conséquent, il repose, paisible ; ses actes, bien que pouvant varier, demeurent impartiaux ; mais les actes des autres sont changeants, sans pouvoir garder l'impartialité. C'est ainsi que le calme du mental apporte un bien énorme, non seulement à lui-même, mais aussi au monde en général. La Paix indique la voie de la conduite juste. 

5 - Un homme marche, une lampe allumée à la main. Peut-il être question d'hostilité entre la lumière et les accidents du parcours ? Sûrement pas. Cependant, la lumière et l'obscurité ne peuvent coexister. La lumière chasse l'obscurité, révèle les accidents du parcours, et permet à l'homme de marcher prudemment, en montant, en descendant, sur les côtés, etc... La lumière de la lampe supprime la cause de jurons ou de plaintes futiles telles que : "mon pied a heurté un obstacle", ou bien : "ce creux m'a fait trébucher". Une fois la Paix réalisée, l'homme ne ressent ni haine ni antagonisme envers le monde. La Paix dissipe les ténèbres qui nous empêchent de voir la vraie nature du monde et ses embûches. En l'absence de la lumière de la Paix qui permet de s'adapter aux multiples circonstances, on condamne le monde, lui reprochant ses souffrances, comme on se plaint des obstacles sur un chemin. C'est pourquoi un homme ayant réalisé la Paix Suprême après avoir connu le monde comme un rêve compliqué, ne doit pas être considéré comme étant hors du monde, non concerné par ses activités. En fait, il est le seul à être en harmonie effective avec le monde; il est le seul vraiment compétent pour être un homme d'action. Ainsi, la Paix est le régulateur de tes activités. 

6 - L'homme en Paix peut avoir un souci de rectification pour ce qui Se passe dans le monde. S'il en éprouvait de la crainte, de quelle aide pourrait-il être envers ceux qui considèrent ce monde possessivement et avec avidité ? Ils sont sous l'emprise de l'égoïsme et dépourvus de toute notion d'impartialité. Pour guider l'aveugle sur un chemin, ou traiter la cécité de l'oeil malade, on a besoin d'y voir clair. De même, celui qui peut réformer le monde est celui qui a découvert sa propre nature immuable par rapport à la nature changeante du monde, et demeure paisible. De tels hommes ne peuvent s'empêcher d'aider le monde. Pourquoi ? Est-ce que quelqu'un peut manquer de coeur au point de ne pas relever un enfant qui glisse et tombe ? Même question pour les Sages, capables de comprendre les difficultés du monde, et qui peuvent aider les gens. Parce qu'il s'est détaché du mental et du corps, le Sage n'est pas éprouvé par l'effort que demande le service du monde, tout comme le principe vital ayant quitté un corps ne souffre pas, même si de lourds attelages passent sur ce corps en l'écrasant. Le Sage ne se dérobera donc pas devant le travail ou les soucis. Seule la Paix réalisée effectivement peut produire un tel courage, et un tel calme. 

7 - En apparence, la Paix peut donner une impression de fadeur et de manque de vigueur. En fait, elle peut tout vaincre. Elle surpasse tout en ténacité et en courage, et c'est de ces qualités que dépend la réussite. Même si le mont Mérou [L'Axe- du monde selon la Tradition] devait basculer, l'incident (!) provoquerait tout au plus un léger sourire chez l'homme en Paix, s'il ne le laisse pas complètement impassible... Cet état est précieux pour les questions regardant aussi bien le monde que l'esprit. Le véritable bonheur dans le monde est le sien aussi, et ce bonheur jaillit après la fin d'un esclavage. La Paix apporte du bien à chacun, de toutes façons. 

8 - Les adversaires de la Paix sont nombreux. Ils sont là pour éprouver l'homme. Lorsque nous y sommes confrontés, nous devons rester vigilants, et veiller a ce que la fleur fragile du mental soit épargnée par leurs ombres. Si la fleur du mental est abîmée, elle perdra son parfum , sa fraîcheur et sa couleur. Elle deviendra alors inutile, imprésentable aux autres, et à Dieu. Sache -que ton mental est plus fragile encore qu'une fleur. C'est à l'aide de cette fleur que tes devoirs envers toi-même, les autres et Dieu s'accomplissent. Elle doit donc préserver sa fraîcheur toujours et en tous lieux. Toute bénédiction du mental est l'oeuvre de la Paix. 

9 - N'aie de cesse d'adorer le Dieu de ton Soi avec la fleur de ton mental. Laisse les aspects capricieux de ton mental témoigner de cette adoration. Progressivement, ils apprendront à quitter leurs jeux infantiles et voudront connaître le même enchantement que toi. À force d'observer la Paix qui est en toi, ils abandonneront leurs caprices. Toi, tu n'as qu'à continuer patiemment l'adoration. Ne te laisse donc pas détourner par ces caprices du mental ; au contraire, ce sont eux qui seront finalement pacifiés par la Paix qui est en toi. Tout doit être en Paix. 

10 - Un dernier mot : l'essence des Védas est la Paix. 




V. ACTION 

1 - Toute action appartient à Dieu. Son Oeuvre a inscrit chaque chose dans ses fonctions individuelles. C'est par Lui que les êtres, animés ou inanimés, jouent leur rôle. Toutes les actions Lui appartiennent. 

2 - Chaque être fait ce qui lui correspond. Qu'est-ce que Dieu a à voir avec cela ? Nous nous intéresserons aux objets inanimés un peu plus tard. 

Nous sommes des êtres sensibles; voyons d'abord qui est l'auteur de nos actions. Tout le monde souhaite améliorer son état, et y travaille. Mais les résultats diffèrent, bien que le but et le travail soient identiques. Pourquoi cette différence dans les résultats ? Ici Dieu nous fait comprendre qu'Il est l'auteur de l'action. Autrement, tous les résultats devraient être identiques. Les différences de condition n'expliquent rien : peut-il exister quelqu'un ne souhaitant pas améliorer sa situation ? Quelle que soit son intention envers les autres, chaque individu est certainement honnête dans son intention envers lui-même (ex: pour améliorer sa situation). Cela n'empêche pas qu'il y ait des différences de condition de l'un à l'autre: Toutes les actions sont l'oeuvre de Dieu. 


3 - Tous les êtres ont la même intention ; cependant, leurs efforts varient de l'un à l'autre, ainsi que leurs états. Ayant dit cela, une question se pose : qu'est-ce que l'effort ? N'est-ce pas simplement un concept mental ? Tous ces concepts ont la même origine, a savoir, cette intention commune a tous (d'améliorer sa situation) -, alors pourquoi ce concept mental de l'effort à accomplir diffère-t-il d'un individu à l'autre ? Ici aussi, Dieu nous enseigne que toutes les actions Lui appartiennent. 

4 - S'il est établi que, malgré l'intention commune, l'effort varie selon les capacités individuelles, la question se pose de savoir qu'est-ce qui conditionne ces capacités ? La source est dans le corps et le mental. L'environnement peut aussi influer. Avant de faire un effort, l'on doit tenir compte de tous les facteurs. Cependant, nous n'avons pas un contrôle suffisant de ces facteurs, pouvant faire coïncider exactement l'effort avec la tâche à accomplir : toutes les actions appartiennent à Dieu. 

5 - A présent, si l'on dit que le corps, le mental et l'environnement vont progressivement s'ajuster à la tâche à accomplir, on avoue implicitement l'incapacité initiale. Ceci revient à admettre que toutes les actions sont l'oeuvre de Dieu. 

6 - Cela est-il bon ou mauvais que les gens n'atteignent pas leurs buts ? C'est certainement une bonne chose. Pourquoi ? La plupart des gens sont égoïstes ; à toi de juger si leur succès est bon pour le monde ou non. Peut -être te demandes-tu alors pourquoi les efforts des personnes non-égoïstes ne sont pas tous couronnés de succès ? Le plus souvent, bien qu'en apparence ils semblent ne pas être égoïstes, ils ne sont pas sans défauts. Cela dépend de l'ego. Si le non-égoïsme supposé engendre une sensation de supériorité sur nos semblables, Dieu se charge de freiner nos ardeurs, et de nous rappeler - "vous aussi, vous êtes comme les autres, et c'est Moi qui vous gouverne". Le véritable représentant de Dieu est dépourvu d'égoïsme et d'ego. C'est parce que Dieu brille à jamais en lui, en d'autres termes, que le nuage de l'ego n'est plus là pour lui cacher Dieu, que toutes ses intentions se concrétisent. C'est donc un homme de "bonne volonté" (Satya Sankalpa, littéralement : vraie volonté). Dieu rayonne directement à travers lui, en qui il n'y a pas de ténèbres. Il est le seul à connaître l'Intention divine telle qu'Elle est. Dieu accomplit à travers lui le but de Sa création. Toutes les actions sont l'oeuvre de Dieu. 

7 - A la question : n'existe-t-il pas au moins une de ces personnes de bonne volonté (ou de vraie volonté) ? Pourquoi le monde n'en reçoit-il pas le plein de bénédictions ? Il y a un secret dans tout ceci : les Sages qui savent que toutes les actions sont l'oeuvre de Dieu se vouent à le faire savoir aux autres : il n'y a pas de bien plus précieux que cette connaissance : les actions sont l'oeuvre de Dieu, non la nôtre. Cette connaissance contient en elle toutes les bénédictions. C'est pourquoi le propos des Sages est d'éclairer les autres à l'aide de leur connaissance de Dieu et Ses actions. Ils ne disent pas: "connais Dieu tout de suite ! , mais enseignent les voies et les moyens de la connaissance, et encouragent les gens à suivre le droit chemin, C'est tout. Ils ne disent pas : "sois délivré à l'instant ! puisque le commun des mortels en est incapable. Les Sages n'enjoignent pas Dieu de "libérer les gens immédiatement", puisqu'ils sont dépourvus d'ego. et savent: "Dieu sait ce qu'Il a à faire, et Il le fait; que pourrais-je Lui demander de plus ?" Ainsi, ils souhaitent seulement faire leur devoir, sans en récolter les fruits. Ils ont compris que seul Dieu distribue les fruits des actions. Ils observent simplement le déroulement des choses dans le monde, jouent leur rôle, et ne songent jamais à recréer un monde à eux, ce qui ne serait qu'une forme d'égoïsme. La Création est exactement comme elle doit être. Tout est en ordre. Toutes les actions sont l'oeuvre de Dieu. 

8 - Sachant que leurs actes sont subordonnés au Pouvoir Divin, comment pourraient-ils envisager d'agir à contre-coeur ? Non, ils ne peuvent pas même y penser. Ils feront leur travail comme un devoir. Les écritures disent : "fais le travail mais ne pense pas à ses fruits." De même que la colère échappe inconsciemment au contrôle d'un homme même s'il est déterminé à ne pas se mettre en colère et à rester calme, de même les Sages à l'intention vraie (Satya Sankalpa) peuvent être choqués par les injustices apparentes du monde, et penser sans s'en apercevoir : "Dieu, faites que survienne le bien !" Alors, cela se produira certainement, et c'est ce qui explique les événements extraordinaires dans le monde. Les grands bouleversements sont le résultat d'un voeu dérobé dans le mental d'un Sage. C'est la loi de la nature. Qui peut la changer ? Toutes les actions sont l'oeuvre de Dieu. 

9 - Quoi qu'il arrive, c'est dans l'ordre naturel des choses. Donc, c'est juste. Tout ce qui arrive, arrive par Son action. En ce sens, il n'est pas faux de penser que "c'est Lui qui fait voler le voleur", puisqu'à l'heure du châtiment, c'est aussi Lui qui fait souffrir le voleur pour son méfait. Ni plus ni moins. Il ne devrait pas y avoir d'hostilité envers le voleur. Tel est le fruit de la connaissance que toutes les actions sont l'oeuvre de Dieu. Mais même s'il n'y a pas d'hostilité envers le voleur, notre rejet pour l'acte de voler demeure. Cela aussi est le résultat de notre connaissance que toutes les actions sont l'oeuvre de Dieu. Comment ? Parce que le voleur lui-même n'aime pas le vol : resterait-il tranquille si ses biens lui étaient volés par un autre ? Non, certainement. Il n'y a personne pour ignorer que le bien est bon et que le mal est mauvais. C'est pourquoi la connaissance que toutes les actions sont l'oeuvre de Dieu est ce qui peut susciter une conduite droite dans le monde. Notre connaissance s'étend au-delà. Nous ne pouvons répéter que ce que nous connaissons, et ne pas nous soucier de ce qui dépasse notre connaissance. Cela aussi est l'oeuvre de Dieu. 

10 - Parmi les fruits de la connaissance que Dieu nous accorde, il y a celui qui nous apprend que toutes les actions sont Son oeuvre. Notre impuissance nous pousse à demander "Dieu, pourquoi agis-tu ainsi ?" Toutes les religions admettent ce même état d'impuissance. C'est parce -que les fruits de nos actes ne correspondent pas à nos désirs, en d'autres mots, parce que nos pouvoirs sont limités, que nous ne pouvons que nous incliner, et constater que toutes les actions sont l'oeuvre de Dieu. 

Cette loi qui nous gouverne, s'applique aux objets inanimés aussi. Nous ne sommes pas mieux lotis qu'eux. Tout est Un. Ceux qui n'admettent pas que toutes les actions sont l'oeuvre de Dieu, ne peuvent que reconnaître leurs propres limites. Cela même est l'oeuvre de Dieu. 



VI . EGO 

Ô ego! tous les maux du monde prennent leur source en toi. Dans le but de t'éliminer, les Rois font des lois et les Sages donnent des enseignements. Malgré leurs efforts depuis la nuit des temps, hélas ! tu es toujours vivant ; tu te caches seulement, et réapparais encore et encore. N'as-tu donc pas de fin ? Oh si, et, sûrement, elle approche. Un autre Ego a commencé à t'éliminer. C'est l'ego Universel, dont le nom est Je-Suis Brahman (Aham Brahmasmi). 

2 - Eh! ego, détrompe-toi, ton ennemi n'est pas de ton espèce: tu es périssable, alors qu'Il n l'est pas ; tu te prends pour "je", parce que tu différencies toujours "je", "tu", "il", etc., mais Lui est libre de ces concepts : Il harmonise les différences et résorbe tout en Lui-même. Ton hostilité à Son égard naît de ce que tu le vois s'élever pour t'anéantir. Mais Lui n'a aucun mauvais sentiment pour toi, puisque tu ne peux te trouver là en Sa présence. Il te voit comme une partie de Lui-même. C'est ta propre imposture qui cause ta perte en Sa présence. Il ne songe même pas à te tuer car tu ne comptes pas a ses yeux. C'est pourquoi, ego, tu te considères comme Son ennemi, mais Lui ne se prend pas pour le tien. 

En un mot, tu es ton propre ennemi : par orgueil, tu t'es vanté devant Lui, comme tu le fais en tous lieux. Dès lors, tu es perdu. C'est ainsi que le Soi Universel t'efface , t'ayant absorbé, brillant en tant que Lumière Absolue. 


3 - Eh ! ego, les ravages de ton action sont sans limites : tu n'es satisfait que si tu es glorifié devant les autres, et si les autres sont abaissés devant toi ; tes désirs ne cessent de te harceler - "à quel titre serai-je honoré ? Comment puis-je paraître plus élégant ? Les autres , si inclinent-ils devant moi ? M'obéissent-ils en silence ? Proclament-ils que nul ne me surpasse ?" Hélas ! Que ta vie est courte! Et pourtant, que d'ambitions ! Combien de mal tu peux causer ! Tu t'es trompé, croyant trouver le bonheur dans cette vaine quête de gloire et de pouvoir, et en voulant te distinguer parmi les autres. Tout cela ne peut t'être profitable. Pourquoi ? Les autres ne sont-ils pas motivés eux aussi par ces mêmes illusions ? Quelles chances de succès peux-tu avoir face à des multitudes de gens nourrissant les mêmes ambitions ? Dans une telle situation, tu dois mettre un terme à ta vaine volonté de tout dominer. Par tant de vanité, tu suscites le mal, autant pour toi que pour les autres. Écoute mon conseil amical. Pour dire la vérité, Celui-là que tu crois être ton ennemi mortel, est en fait ton ami. Il sait comment te rendre digne de la vraie Grandeur et des vraies Bénédictions. Abandonne-toi à Lui. Cet Ego Universel ne te traite pas en ennemi : Il est ton véritable Bienfaiteur. 

4 - Tu ne peux, à ce moment précis, avoir une idée de ce qu'Il fera de toi si seulement tu t'abandonnes à Lui. Quoi que je puisse t'en dire, tu ne peux comprendre. L'expérience de l'abandon à Lui peut seule permettre de comprendre. Nul doute qu'Il t'élèvera à Sa Grandeur, rien de moins. Par conséquent, ne crains pas pour ton avenir ; abandonne-toi directement. Tu pourras toujours t'en retourner, si la joie ne te submerge pas dès le premier instant d'abandon. De même que, en buvant du lait, cela commence par le goût agréable et se termine par l'apaisement de la faim et de la soif, de même l'abandon de soi commence par le ravissement et s'achève dans la Parfaite Béatitude qui est au-delà du plaisir et de la souffrance. Par conséquent, ton but est, nul doute, cet Ego Universel (je Suis Brahman). 

5 - Quel est Ton nouveau nom, après l'abandon ? 11 n'y a pas d'autre nom que le Tien. Les Védas Te louent, le monde Te glorifie. L'essence des enseignements religieux, c'est Toi-même. Quelle est alors Ta forme? Toutes les formes sont Tiennes. Il n'y a pas une forme qui ne soit la Tienne. Tu es Cela qui est adoré dans les temples ; Tu es Cela qui est décrit dans les Védas; les festivités, les cérémonies, sont toutes pour Toi. Mais quel est donc Ton pouvoir ? En Ta présence, le monde est actif; chaque être est ce qu'il est à cause de Toi. En bref, toutes choses Te glorifient, et témoignent de Ton Être. Elles y sont contraintes par devoir. Tu n'aurais même jamais rêvé que ceci pût être ton état. Mets-toi donc à l'oeuvre. Abandonne ta suffisance, car L'ego Universel t'attend. 

6 - Souhaites-tu sortir de ton rêve, ou bien est-ce que tu préfères y rester encore ? Combien de temps les images du rêve vont-elles durer ? Ne sois pas paresseux, sors de ta torpeur, réveille-toi ! Tu ne vois que tes propres images mentales, et tu continues d'en imaginer encore et encore. Tout cela est vain. Trouve simplement Qui est ce Toi, ce spectateur de tes images mentales. Ne te méprends pas, en t'identifiant à elles, qui s'élèvent et retombent ; réveille-toi ! Dès l'instant où tu t'éveilleras, tu comprendras que l'éveil vaut mieux que ce rêve. Debout ! L'ego Universel attend pour se réjouir de te voir éveillé. 

7 - Ne crains pas la cessation du rêve actuel. Tu vas être autrement comblé. N'étant plus dans l'illusion, tu vas assister en spectateur à cette imagerie mentale, sans en éprouver de trouble, mais avec un sourire. Cela te semblera être une plaisanterie, non plus un fardeau. En rêve, ton imagerie mentale semble avoir des formes réelles. Au réveil, tu sais que le rêve est seulement un rêve. Ne prends pas l'état de rêve pour celui de veille. Connais le rêve en tant que tel. Faisant ainsi, tu dois atteindre l'état de "je-Suis-Brahman" (l'Ego Universel). 

8 - Je m'adresse à toi pour ton bien, non pour mon intérêt. Que faire si la Foi te manque, si tu ne suis pas les enseignements, ou si tu quittes le chemin, faute de récompense immédiate ... ~ Comment puis-je t'aider si tout l'enseignement des Saints s'avère vain pour toi ~ Il n'y a pas d'état plus élevé que celui-ci. Il Est, pour ton bien, et, à travers toi, pour les autres aussi. Quitte ta suffisance, dès maintenant. Commence tout de suite. L'ego Universel est le tien. 

9 - 0 ego, vois comme tu es l'esclave de tout, et combien tu en souffres! Combien ton état est pitoyable ! Tout n'est qu'hostilité autour de toi ! Lorsque tu dis "a moi, a moi !", tous les autres rivalisent: "à moi, à moi!" Lorsque tu dis "je suis grand", ils protestent : "comment ? c'est moi qui suis grand." Tu es le seul à ne pas t'être hostile. A cause de tous ces soucis , tes productions mentales se multiplient, indéfiniment. N'est-ce pas le moment d'en profiter pour lâcher prise ? Si tu dis "tout est à vous", chacun deviendra ton ami. Il en est Un qui peut te rendre aussi magnanime, et c'est "je-Suis-Brahman" (l'Ego Universel). 

10 - Il nie reste un mot à dire. Ce n'est pas le produit de mon égoïsme, mais simplement mon devoir. Je ne dis ce mot spécialement ni pour toi ni pour mon bien. C'est pour le bien de tous. 


La Vérité est "je-Suis-Brahman" 
Lumière de Grâce Divine, 
Amour Tout-Puissant, 
Bénissez-moi. 
Paix ! Paix ! Paix !


***



Bhaja Govindam





Adore l’Univers, Vénère l’Univers, Chante l’Univers ! Tu es fou de penser que tes règles de grammaire au jour de ta mort pourraient bien t’aider. 



Tu es fou ! Abandonne cette idée d’entasser, tourne ton esprit vers ce qui est réel et jouis du fruit des actes du passé. 



Il ne faut pas te noyer dans l’illusion des passions et des plaisirs qui viennent d’un nombril ou d’un torse. Ce ne sont que des variations sur le thème de la viande, et ne faiblit pas quand tu dois te le rappeler à toi-même, encore, et encore. 



La vie d’un homme est aussi incertaine que l’est la goutte qui tremble sur la feuille du lotus, alors sache que ce monde est la proie de la maladie, de l’Ego et des peines. 

Aussi longtemps qu’un homme est fort et capable de nourrir sa famille, vois l’affection que tous lui portent. Mais nul dans sa maison ne prendra peine de lui dire un seul mot quand son corps fléchira par son âge. 

Tant qu’il est vaillant, les membres de sa famille s’enquièrent de son bien-être, mais dés que l’âme partira du corps, même sa propre épouse s’enfuira en voyant sa dépouille. 

L’enfance est passée à jouer. La jeunesse s’attache aux femmes. La vieillesse se meurt à ruminer les choses du passé. Mais bien peu prennent le temps de s’intéresser à ce qui fait l’universel. 

Qui est ton épouse ? Qui est ton fils ? Comme cette boucle est étrange ! De qui viens tu et d’où ? Frère, questionne-toi sur ces vérités-là. 

De la compagnie des sages vient le détachement, le détachement libère de l’illusion et mène la réalisation qui conduit à être libéré-vivant. 

À quoi bon le désir quand la jeunesse est morte ? Que faire de tout un lac qui n’aurait plus d’eau ? Où est cet équipage quand la prospérité s’est évanouie ? Que dire de l’apparente multiplicité du monde si la vérité est connue ? 

Ne te vante pas trop de ta richesse, de tes amis ou de ta jeunesse car chacun d’eux peut être détruit en moins d’une seconde et libère toi des illusions de ce monde d’apparence pour atteindre la vérité éternelle. 

Jours et nuits, aubes et crépuscules, hivers et printemps vont et viennent. Le temps joue comme la vie s’éteint. Mais l’orage de nos désirs jamais ne renonce. 

Oh fou que tu es ! Pourquoi cette obsession de la richesse ? Y-a-t-il quelqu’un qui te guide ? Il n’y a qu’une chose parmi les trois mondes pour te sauver du tourbillon de l’océan de tes vies. Viens et monte vite dans le bateau qui vogue vers ta réalisation. 

Il y en a qui vont les cheveux emmêlés, d’autres avec le crâne fraîchement rasé, d’autres s’arrachent les cheveux, d’autres s’habillent de safran et d’autres de couleurs variées. Cela est juste un gagne-pain. Tu sauras avant eux toute la vérité quand ces fous à jamais ne la verront pas. 

La force a laissé le corps de cet homme vieux, sa tête est devenue chauve, ses dents ont quitté ses gencives et il tient sur des béquilles. Même alors il s’accroche et s’arrime fermement à des désirs qui ne porteront nul fruit. 

Voici donc l’homme qui chauffait son dos et sa face au soleil et qui la nuit venue se blottit pour éloigner le froid ; il mange dans son bol la nourriture qui convient au mendiant et dors sous l’arbre. Quand bien même tout cela, il n’est qu’une poupée aux mains de ses passions. 

Celui là peut bien aller dans la ville sainte en pèlerinage, jeûner, faire la charité, puisqu’il est ignorant rien ne peut le sauver de cents autres naissances. 

Prenant résidence dans un temple ou bien dessous un arbre, s’habillant de peau et dormant parterre, lâchant ses attaches et renonçant au confort, celui-là pourtant pris pour un saint est-il seulement content ? 

Celui-là qui prend plaisir aux pratiques et aux rituels peut bien avoir ou pas un attachement. Mais seul celui qui fermement ancre son esprit dans l’univers peut jouir de la béatitude. 

Qu’un homme lise un peu de texte sacré, boive un peu d’eau du Gange, adore quelque dieu et il n’aura alors pas de combat avec la mort. 

Né, encore, la mort, encore, à nouveau la naissance dans la maternelle matrice ! Comme il est difficile de traverser cet océan. Oh Univers ! Sauve moi de cela ! 

Il ne manque pas de vêtement, le sage errant, quand il y a quelques loques au bord du chemin. Libéré du vice et de la vertu, il marche. Celui qui vit en harmonie avec l’univers vit dans la béatitude, pur, net, comme un enfant ou comme quelqu’un qui n’aurait pas encore bu le poison. 

Qui es-tu ? Qui je suis, moi ? D’où est-ce que je viens ? Qui furent ma mère et mon père ? Réfléchis donc à tout ce qui n’a pas d’essence et laisse de monde qui n’est qu’une chimère. 

En moi, en toi, en tout, habite la même saveur. Ta colère et ton impatience n’ont pas de sens. Si tu veux atteindre cet état bientôt, sois toujours égal. 

Ne perds pas ton énergie à gagner l’amour ou à combattre tes amis ou tes ennemis, tes enfants ou tes parents. Vois toi en eux tous et laisse derrière toi cette impression qu’ils seraient des autres. 

Laisse les désirs, la colère, la fierté, l’avidité et considère ta vraie nature puisque les fous sont ceux qui sont aveugles d’eux-mêmes et jetés dans cet enfer souffrent sans fin. 

Souvent récite, médite sur l’univers dans ton cœur, chante ses milles gloires. Prends plaisir au noble et au sacré. 

Celui qui cède à ses obsessions laisse son corps à la maladie et bien que la mort lui apporte une fin, jamais il ne laissera son âme malade. 

La richesse n’est pas le bonheur et il n’y a vraiment nulle joie en elle. Pense à cela tout le temps. L’homme riche a peur de son propre fils, c’est la malédiction de l’argent partout. 

Contrôle ton souffle, ne sois pas affecté par les influences extérieures et sépare le vrai du futile. Chante le sacré et fais taire l’esprit turbulent, fais cela avec soin, avec un soin extrême. 

Oh vénérant au pied du lotus ! Sois bientôt libre de toutes les boucles. Au travers des sens maîtrisés et de l’esprit contrôlé, tu feras l’expérience du dieu qui réside dans ton cœur. 

Ainsi le grammairien stupide qui était perdu dans les règles, a nettoyé sa vue et montré la lumière. 

Adore l’univers, vénère l’univers, chante l’univers, Oh fou que tu es ! Rien d’autre que ce chant ne t’aidera à traverser l’océan de ta vie. 



***




RIBHU-GITA 







1. Je vais maintenant t'entretenir de la manière d'être totalement " Cela " même. Ceci se produit rarement, même chez les yogis. C'est le secret de tous les Védas, de toutes les Écritures. Ça ne court vraiment pas les rues.



2. Cela qui est la Réalité suprême [Brahman], le Soi de tout, de la nature de l'existence-conscience-félicité, le Soi de toute chose, le Soi suprême – demeure constamment en tant que Cela même.



3. " Tout ceci " est de la nature du Soi, qui ne connaît ni commencement ni fin et que rien ne surpasse. Cela qui n'est pas plus l'action que l'inaction – demeure constamment en tant que Cela même.


4. Cela où ne se trouve aucune peur liée à la dualité ; Cela où s'éveille la non-dualité, où ne règne pas plus la quiétude que l'inquiétude – demeure constamment en tant que Cela même.

5. Cela où il n'est rien qui participe de la volition [sankalpa], où la méprise est absente et où, semblablement, la pensée est inexistante – demeure constamment en tant que Cela même.

6. Cela où ne se trouve rien en la Réalité, où toute conviction [bhava] est illusion, et où rien du monde n'existe – demeure constamment en tant que Cela même.

7. Cela qui ignore l'existence ou la non-existence, ainsi que les illusions dues aux méprises mentales, et où le mot même de "méprise" est inconnu – demeure constamment en tant que Cela même.

8. Cela où n'est aucun plaisir, où n'est aucune idée que je suis le corps, et où il a été renoncé à tout sankalpa – demeure constamment en tant que Cela même.

9. Cela où une conviction comprenant la Réalité n'existe pas, où ne se rencontre aucun défaut et nulle peur des couples de contraires – demeure constamment en tant que Cela même.

10. Cela au sein duquel l'expression du langage et du corps, ainsi que l'éon lui-même, se sont résolus en dissolution, et où l'univers manifesté n'a pas encore vu le jour – demeure constamment en tant que Cela même.

11. Cela où ne se manifeste aucune erreur de perception, pas la moindre trace de l'illusion, ni rien de visible ou d'invisible – demeure constamment en tant que Cela même.

12. Cela qui n'abrite aucun sage ni aucune sagesse, aucune chose d'un côté et son contraire de l'autre, et aucun défaut ou non-défaut – demeure constamment en tant que Cela même.

13. Cela au sein duquel ne règne aucune différenciation comme celle d'être Vishnou [l'immanence], en lequelle Brahma [le créateur] n'existe pas, et où Shankara [le salutaire] est absent en tant que différencié – demeure constamment en tant que Cela même.

14. Cela où il n'est pas plus de vérité que de non-vérité, pas plus d'état de compréhension que d'idée telle que " âme individuelle " – demeure constamment en tant que Cela même.

15. Cela où il n'y a pas de méditation sur Sankara, où il n'est pas de demeure suprême, et où il n'est pas d'état de compréhension – demeure constamment en tant que Cela même.

16. Cela qui ne contient ni microcosme ni macrocosme, ni bonheur envisageable, et où le monde manifesté est une aberration – demeure constamment en tant que Cela même.

17. Cela où ne peut se concevoir la notion de corps ; Cela qui ignore la jubilation et où il n'y a pas " conscience " de pensée – demeure constamment en tant que Cela même.

18. Cela où il n'y a ni intellect ni connaissance empirique, où ne se trouve pas de Soi dans l'enveloppe du mental, et où il n'y a pas de conception du désir – demeure constamment en tant que Cela même.

19. Cela qui ne connaît ni la libération ni le repos, ni l'asservissement ni la séparation, et aucun savoir permanent – demeure constamment en tant que Cela même.

20. Cela en lequel il n'y a pas de conception du temps, pas de bhava de chagrin, et pas de conception du corps – demeure constamment en tant que Cela même.

21. Cela où l'âme individuelle ignore la sérénité, où des mauvaises interprétations des Écritures ne peuvent avoir cours, et où je suis le Soi, ou moi-même – demeure constamment en tant que Cela même.

22. Cela où ne se produit pas de libération du soi, pas de libération du corps, et où ne règne aucune activité dictée par la volition – demeure constamment en tant que Cela même.

23. Cela où n'existe pas de conception des êtres, où ne se conçoit rien de séparé, et pas davantage de différenciation en tant que jiva – demeure constamment en tant que Cela même.

24. Cela où la Réalité est un état de félicité, où la joie est un état de félicité, et où la qualité de la félicité est éternelle – demeure constamment en tant que Cela même.

25. Cela où n'est aucune manifestation de quoi que ce soit, aucune victoire ni défaite, et aucune affirmation d'aucune sorte – demeure constamment en tant que Cela même.

26. Cela où n'est menée aucune investigation quant à la nature du Soi, où n'est éprouvé aucun besoin d'écouter, de lire et d'étudier la Vérité suprême, et où il n'est pas de " grande félicité " – demeure constamment en tant que Cela même.

27. Cela qui ne sait rien des classifications, telles que groupes identiques ou groupes différents, et où ne se manifeste aucune différence interne – demeure constamment en tant que Cela même.

28. Cela qui ne contient ni la terreur de l'enfer ni les trésors du ciel et pas même le monde de Brahma – demeure constamment en tant que Cela même.

29. Cela où n'a pas lieu d'union avec Vishnou, où ne se trouve ni le mont Kailash ni la sphère de l'œuf du cosmos – demeure constamment en tant que Cela même.

30. Cela qui est étranger à l'éloge comme à la censure et où il n'est pas commis l'erreur de les considérer de la même façon – demeure constamment en tant que Cela même.

31. Cela où il n'y a pas de bhava du mental, ni méprise, et ni expérience ni souffrance – demeure constamment en tant que Cela même.

32. Cela qui ne sait rien de la peur du péché, rien des cinq grands péchés, et ignore le défaut de l'attachement – demeure constamment en tant que Cela même.

33. Cela où la triade des afflictions est inconnue, de même que les trois états de l'individu, et où l'univers est reconnu comme illusion – demeure constamment en tant que Cela même.

34. Cela où la connaissance n'a pas vu le jour, où n'est pas faite l'erreur de concevoir le monde et où ne se manifeste aucune activité – demeure constamment en tant que Cela même.

35. Cela où le domaine du mental est inexistant, où règne vraiment le plus grand bonheur, et où existe la demeure permanente – demeure constamment en tant que Cela même.

36. Cela en lequel la paix est la cause de tout et où tout est bonheur, et qu'une fois atteint nul jamais n'en revient – demeure constamment en tant que Cela même.

37. En le connaissant tout est abandonné, en le connaissant rien d'autre ne demeure, et en le connaissant il n'est plus rien à découvrir – demeure constamment en tant que Cela même.

38. Cela où ne s'est jamais manifesté un défaut, l'endroit immuable en qui, assurément, l'individu est détruit – demeure constamment en tant que Cela même.

39. Cela où le Soi est vraiment toujours satisfait, où véritablement règne une félicité inaltérable ainsi qu'une paix immuable – demeure constamment en tant que Cela même.

40. Cela où n'est connu vraiment que réconfort, où, en vérité, se trouve la définition du réel, ainsi que la certitude de l'existence – demeure constamment en tant que Cela même.

41. Cela au sein duquel je ne suis pas et où tu n'es pas non plus, où toi-même ne te trouves pas, vraiment, toi-même, et où réellement, il règne une paix absolue – demeure constamment en tant que Cela même.

42. Cela où tu es véritablement joyeux, où le bonheur est bel et bien atteint, et où la peur du chagrin est absente – demeure constamment en tant que Cela même.

43. Cela où se trouve la plénitude de la conscience, en même temps qu'un océan de félicité, Cela en lequel règne la présence directe du Suprême – demeure constamment en tant que Cela même.

44. Cela en qui l'on est indubitablement Cela même, et en qui ne se manifeste aucune différence entre ce que l'on est et ce qu'est le Soi – demeure constamment en tant que Cela même.

45. Cela en qui règne effectivement la félicité suprême, Cela en qui l'on est soi-même le bonheur suprême et en qui s'est produite la compréhension de l'état dénué de différences – demeure constamment en tant que Cela même.

46. Cela qui ne contient pas le moindre atome, pas de souillure mentale, ni même la pensée : " je fais " ou " je donne " – demeure constamment en tant que Cela même.

47. Cela en qui est morte la pensée, en qui corps et mental sont morts, et en qui la mémoire finit par se dissoudre – demeure constamment en tant que Cela même.

48. Cela en qui " je " est bel et bien mort, en qui le désir rencontre sa dissolution, et en qui règne assurément la félicité suprême – demeure constamment en tant que Cela même.

49. Cela en qui la trinité des dieux connaît sa dissolution, en qui les corps et autres organismes périssent, et en qui il n'y a pas d'interactions – demeure constamment en tant que Cela même.

50. Immergé là où la fatigue n'existe pas, immergé là où l'on ne voit pas, et immergé là où il n'y a pas de vie ni rien de tel – demeure constamment en tant que Cela même.

51. Immergé là où rien ne brille, immergé là où l'état de veille n'existe pas et, là où l'illusion rencontre réellement sa mort – demeure constamment en tant que Cela même.

52. Cela en qui le temps périt effectivement, en qui le yoga trouve son anéantissement et en qui l'association avec la Vérité [satsang] se défait – demeure constamment en tant que Cela même.

53. Cela en qui la nature-Brahman existe véritablement, en qui assurément ne se trouve que félicité et en qui ne règne réellement que la félicité suprême – demeure constamment en tant que Cela même.

54. Cela en qui l'univers n'existe jamais, en qui le monde manifesté n'existe pas, et en qui il n'y a pas de facultés internes – demeure constamment en tant que Cela même.

55. Cela en qui il n'est que joie, en qui lui-même est entièrement et uniquement félicité et en qui, vraiment, lui-même est félicité suprême – demeure constamment en tant que Cela même.

56. Cela en qui ne se trouve que la conscience de l'existence, où seule la conscience est tout ce qui existe et où resplendit la plénitude de la félicité – demeure constamment en tant que Cela même.

57. Cela en qui est vécu la présence directe de la Réalité suprême, en qui l'on est soi-même le Suprême, et en qui la sérénité est le but suprême – demeure constamment en tant que Cela même.

58. Cela où réside la signification sans intermédiaire de l'indivisé, là où existe le but même, et où la destruction et autres du même genre n'existent pas – demeure constamment en tant que Cela même.

59. Cela où, de toute évidence, il n'y a que soi-même ; où, de toute évidence, ne règne que soi-même ; et où, à l'évidence, n'existe que le grand Soi – demeure constamment en tant que Cela même.

60. Là où, à l'évidence, est la Vérité suprême, et à l'évidence le grand, et à l'évidence la connaissance véritable – demeure constamment en tant que Cela même.

61. Là où manifestement prévaut la transcendance des qualités, ainsi manifestement que l'absence de toute souillure, et où règne manifestement l'éternelle pureté – demeure constamment en tant que Cela même.

62. Là où le grand Soi lui-même est présent, où la joie des joies est présente et où il ne fait pas de doute que la sagesse et la connaissance sont présentes – demeure constamment en tant que Cela même.

63. Cela en qui l'on est vraiment soi-même la Lumière, en qui l'on est vraiment soi-même non-duel, et en qui règne vraiment la félicité suprême – demeure constamment en tant que Cela même.

64. Ainsi a été proclamée la conviction de devenir Cela même. Demeure ainsi constamment – toujours, toujours. Je suis la Réalité, existence-conscience-félicité. Je suis indivisé et sans cesse joyeux.

65. Je ne suis que la Réalité, laquelle est connaissance véritable. Je suis la paix suprême. Je suis conscience. Je suis dénué de pensée. Je ne suis pas " je ". Je demeure en tant que Lui Lui-même.

66. Je suis Cela. Je suis conscience. Je suis Lui. Je suis sans tache. Je suis le plus haut. Je suis le plus haut. Je suis le Suprême. Ainsi, rejetant toute chose, sois heureux.

67. Tout ceci est vestige de pensées, salissure de la pureté. Ainsi, renonçant à tout et oubliant toute chose, ni plus ni moins que du bois mort.

68. Abandonnant le corps comme un cadavre, demeurant constamment ainsi qu'un bout de bois ou un morceau de fer, renonçant même à la mémoire, ne t'écarte jamais de ton but : la seule Réalité.

69. Quiconque entend cette explication, ne serait-ce qu'une fois, et même s'il est lié à de grands péchés, en renonçant à tout atteindra le Suprême.

70. Bien que, par endroits, ils traitent de la méditation [upasana] sur Toi, les Védas ne Te proclament-ils pas le sans attache, tout particulièrement relié au vaisseau du cœur de tout, existant en tant que Soi, et de la nature de l'Indivisé ?

***



Avadhuta Gita



Chapitre 1

1. Par la grâce de dieu les sages plus que tous autres hommes sont inspirés par la non-dualité qui les libère de la grande peur.

2. Comment puis-je saluer le Même, lui qui est indestructible, lui qui est bonheur parfait, lui qui en lui-même et par lui-même imprègne tout, et lui qui est inséparable de Cela-même.

3. Je suis seul, à jamais libre de toute tache. Le monde existe comme un mirage à l’intérieur de moi. Devant qui m’incliner ? Lecteur, existes tu ?

4. En vérité, l’unique Même est tout, au delà de la différentiation ou de la non-différentiation. Il ne peut être dit « Il est » pas plus qu’ »Il n’est pas ». Quel grand mystère.

5. Ceci est la pleine substance du savoir ; ceci est l’essence de toute connaissance, théorique et intuitive. Je suis l’Atman, par nature impersonnel et emplissant tout.

6. Ce dieu qui est le Même en tout, impassible et invariant, tel un espace autosuffisant, par nature pureté même, en vérité, en vérité c'est bien cela que je suis.

7. Je suis pure connaissance, impérissable, infinie. Je ne connais ni joie ni peine; qui pourraient-elles bien toucher?*

8. Les actes de l'esprit, bons et démoniaques, les actes du corps, bons et mauvais, les actes de la voix, bienfaisants et malfaisants, n'existent pas en moi Atman. Je suis le nectar duquel est faite la connaissance absolue, hors de portée des sens, là je suis.

9. Esprit tel l'Espace, embrassant tout, je suis au delà de l'esprit. Dans la Réalité, l'esprit n'a pas d'existence propre.

10. Comment cela peut-il être dit que le Même est manifeste ? Comment cela peut-il être dit que le Même est limité ? Seul, je suis existence, tout ce monde objectif, je le suis. Plus subtil que l'Espace lui-même, je suis.

11. Connais le Même comme l'infinie conscience, évident par lui-même, au delà de la destruction, illuminant tous les corps d'égale manière, toujours rayonnant. En lui n'est ni jour ni nuit.

12. Connais l'Atman pour être unique, toujours égal, invariant. Comment exprimer: "Je suis le méditant, et ceci est l'objet de méditation"? Comment la perfection pourrait être divisée?

13. Toi, Atman, n'est jamais né, ni jamais mort. Le corps ne fut jamais tien. Les textes souvent disent: "Tout est Brahman"

14. Tu es tout Brahman, libre de tout changement, le même à l'intérieur qu'à l'extérieur, bonheur absolu. Tel un fantôme, tu ne cours pas ça et là.

15. Pas plus l'unité que la séparation n'existent en toi comme en moi. Tout est Atman, seul. "Je" et "Tu" et le monde n'ont pas de réelle existence.

16. Les sensations subtiles de toucher, de goûter, de sentir, formes et sons qui constituent le monde extérieur ne sont pas toi-même, pas plus qu'elles ne sont intérieures à toi. Tu es la grande toute transcendante réalité.

17. Naissance et mort n'existent pas dans l'esprit, ni en toi, de même que les nœuds qui nous lient ou la libération. Bon et mauvais sont dans l'esprit ensemble, et pas en toi. Bien-aimé, pourquoi pleures-tu ? Noms et formes ne sont ni en toi ni en moi.

18. Ô mon esprit, pourquoi erres-tu dans l'illusion tel un fantôme? Reconnais donc Atman comme au-dessus de la réalité et sois heureux.

19. Tu es l'essence de la connaissance, indomptable, éternel, toujours libéré des changements. En toi, il n'y a ni attachement ni indifférence. Ne te laisse pas souffrir de l'effet des désirs.

20. Tous les textes désignent Atman comme "sans attributs", toujours pur, impérissable, sans corps, la vérité éternelle. Reconnais que tu es cela toi-même.

21. Reconnais toutes les formes, physiques et subtiles, comme des illusions. La Réalité sous-jacente est éternelle. Celui-là qui vit cette vérité passe au-delà de la naissance et de la mort.

22. Les sages nomment Atman "le toujours égal". En abandonnant ses attaches, l'esprit ne voit ni dualité ni unité.

23. La concentration n'est pas possible ni sur les objets périssables ni sur Atman. "Etre" ou "Ne pas être" ne concernent pas Atman non plus. En Atman, absolue liberté, comment l'état d'union intérieure est-il possible?

24. Jamais né, pur, sans corps, égal, impérissable, Atman, reconnais que tu l'es.

25. Ainsi donc, comme le chantent les écritures : "Tu es Cela". Du monde d'illusion, né des cinq éléments, les textes disent "Non, ce n'est pas Cela". "Non ce n'est pas Cela"

26. Tout cela est envahi par toi comme Atman. En toi n'es ni le méditant ni l'objet de méditation. Pourquoi, esprit, médites-tu sans honte?

27. Je ne connais pas Shiva, le grand éveil, comment puis-je parler de lui? Qui est Shiva, je ne le sais pas. Comment donc le révérer?

28. Je suis Shiva, l'ultime réalité, par nature Espace absolu. En moi ne résident ni unité ni variété, la cause de l'imagination est également absente en moi.

29. Libre du sujet et de l'objet, Je suis. Comment puis-je être auto-agissant? Infinie étant ma nature, rien d'autre n'existe. La vérité absolue étant ma nature, rien d'autre n'existe.

30. Je suis la réalité suprême, Atman par nature, ni le tueur ni le tué.

31. Par la destruction du contenant, le contenu s'unit avec tout l'espace. En moi et en Shiva, je ne vois nulle différence quand l'esprit est purifié.

32. Brahman seulement est, tel que pure conscience. En vérité, il n'y a ni contenant, ni contenu, ni âme incarnée, ni nature propre.

33. Il n'y a pas de mondes, pas de savoir, pas de dieu, pas de sacrifice, pas de tribu, de famille, de nationalité, de chemin des embrumés, de chemin de lumière.

34. Ici et là certains prisent le non-dualisme, d'autres le dualisme. Ils ne connaissent pas la vérité qui est au dessus des deux.

35. Comment la réalité suprême pourrait-elle être décrite, elle qui n'est ni blanche ni de quelque autre couleur que ce soit, n'a pas de qualité telle que le son, et est au-delà de la voix et de l'esprit.

36. "Je mange", "Je donne", "J'agis"; de telles choses ne s'appliquent pas à Atman qui est pureté, jamais né, et impérissable.

37. Là où est le seul Brahman, comment pourrait-il être dit "Ceci est la manifestation du monde" ou "Ceci n'est pas la manifestation du monde", "Ceci est une ombre" ou "Ceci ne l'est pas"

38. Je suis sans commencement et sans fin. Jamais je ne fus lié. Par nature pur, sans tache, je suis le Même. Cela je le sais.

39. De la substance subtile qui fit la création, il n'y a rien d'autre que Brahman, cela je le vois plus clairement. Où est donc la division des castes?

40. Je suis pour toujours le vide absolu et son exact opposé

41. Atman n'est ni mâle ni femelle, ni neutre; il n'est ni bonheur ni souffrance. Comment pourrais-tu l'entacher?

42. Atman n'est pas purifié par les six façons de pratiquer le yoga. L'absence de l'esprit ne le rend pas plus clair. Les enseignements d'un maître ne le révèlent pas. Il est toute pureté en lui-même et par lui-même.

43. Je ne suis ni captif ni libre. Je ne suis pas séparé du Brahman.

44. Je ne fais ni ne subis les fruits du destin. Je ne suis ni l'épandeur ni l'épandu.

45. Tel un volume d'eau versée dans l'eau est inséparablement uni au flot, je perçois que matière et esprit ne font qu'un.

46. Pourquoi qualifierais-tu Atman de personnel ou impersonnel puisque tu n'es ni captif ni libre?

47. Pur, tu es pur et sans corps, libre de l'esprit, au-delà des manifestations du monde. Pourquoi serais-tu honteux de déclarer "Je suis Atman, la réalité suprême".

48. Mon esprit, pourquoi pleures-tu? Ami, considère donc Atman, bois le nectar intemporel de la non-dualité.

49. Je ne suis pas la connaissance née de l'intelligence. Je suis par nature l'éternelle vérité, la perpétuelle immuabilité.

50.Ni informe ni de forme définie, décrit par les Vedas comme "Pas ceci, Pas ceci" [neti neti], libre de la séparation comme de l'union, le suprême Même règne.

51. Il n'y a ni père, ni mère, ni parents, ni fils, ni épouse, ni amis, ni préjudice ni dogme. Pourquoi es-tu inquiet, mon esprit?

52. Pourquoi le sage imaginerait le Brahman désincarné comme ayant un quelconque corps. En lui, il n'y a ni jour ni nuit, ni changement ni établissement.

53. Puisque les imperfections de l'attachement et les choses de même sorte ne sont pas en moi, je suis au delà de la souffrance du corps. Reconnais-moi comme étant infini, tel l'espace, unique Atman.

54. Mon esprit, mon ami, trop de mots ne sont pas nécessaires pour que le monde en prenne presque conscience. En un mot, j'ai dit l'essence de la vérité: "Tu es la vérité, tu es tel l'espace"

55. En quelque endroit, en quelque état que le yogi meure, son esprit est absorbé dans Cela, tel lors de la destruction d'un vase, son espace intérieur s'unit à l'extérieur absolu.

56. Qu'il meure conscient ou dans le comas, dans un saint temple ou dans la maison d'un intouchable, il obtient la libération en devenant le tout-remplissant Brahman.

57. Les yogis respectent la vertu, la prospérité, le désir de paradis et la libération, mais aussi les choses fixes ou mouvantes, aussi bien que la moindre volute.

58. L'homme libre en son inébranlable sérénité, vivant dans le temple saint du néant, marche nu reconnaissant, en tout, Brahman.

59. Là où ne sont ni troisième ni quatrième, là où tout est reconnu comme étant Atman, là où ne sont ni vertu ni vice, comment pourrait-il y avoir contrainte ou libération?




Chapitre 2

L'homme libre dit:

1. Ne considère pas l'immature, le crédule, l'idiot, le lent, le dilettante et le déchu comme n'ayant rien de bon en eux. Tous enseignent quelque chose. Apprends d'eux. Assurément, nous ne devons pas abandonner un jeu bien que nous n'en soyons pas les maîtres.

2. Ne pas dédaigner ton maître même s'il manque lettres et leçons. Prends la vérité et ignore le reste. Rappelle-toi qu'un bateau peint et paré te transportera au travers du fleuve aussi bien que s'il était rude et simple.

3. La plus haute des intelligences, qui sans effort embrasse le muable et l'immuable, et qui par nature est toute paix et conscience, cela même, je le suis.

4. Comment la plus suprême des consciences qui, sans effort, commande au vivant comme à l'inerte et envahit toute chose pourrait être autre que moi?

5. Je suis plus subtile que la substance primordiale, au delà des éléments et des composés, libéré de la naissance comme de la mort, au delà de la dualité et de la non-dualité.

6. Les changements des organes internes ne prennent pas part à ce que je suis. Telles des bulles qui s'élèvent et tombent dans la rivière, pensées et vouloirs s'élèvent puis disparaissent dans l'organe intérieur.

7. Ainsi que la douceur n'est pas perceptible indépendamment des objets, ainsi que le sucré n'est pas connaissable indépendamment du miel, ainsi que l'amertume n'est pas sensible en dehors de la feuille de Neem, ainsi que la fluidité et la fraîcheur sont la nature de l'eau, le forme primordiale de la matière, appelée la Grande, n'est pas autre chose que le Même, Atman. Ainsi que les rayons du soleil sont indiscernables de l'astre, la matière ne diffère pas de dieu.

8. Comment "Je" ou "Tu" seraient dit de Brahman qui est plus subtil que la Grande, libre de tout attribut, plus grand que tout, d'un ordre supérieur à l'esprit et à l'émotion, sans milieu ni limites, maître de l'univers? Cela ne peut être désigné ni comme statique ni comme dynamique.

9. De la même manière que notre espace ne peut être comparé à nul autre espace, Brahman étant au dessus de toute dualité, ne peut être comparé avec quelque objet que ce soit. Brahman est unique, perfection, sans tache, tout savoir.

10. Cela ne marche pas sur la Terre, le vent ne peut pas l'envoler, l'eau ne peut pas le couvrir, Cela réside en pleine lumière.

11. Cela emplit l'espace-temps quand rien ne le remplit. Pour toujours libre de toutes les limites, éternellement le même, avec rien qui soit en dehors et rien qui soit au dedans, Cela demeure.

12. L'Atman dont parlent les grands yogis, le plus subtil, au-delà de la perception, sans attributs, doit être assimilé pas à pas, non par une soudaine violence.

13.Toujours pratiquant le yoga, indépendant de tout objet, le yogi dissout sa propre conscience dans le Brahman, et devient le Brahman.

14. Il n'est qu'un antidote au poison des passions si hautement toxiques, qui engendrent l'engouement : c'est de retourner vers l'état de Atman. Atman ne s'approche pas par les émotions, il est sans forme et indépendant.

15. Caché dans le champ de la conscience éternelle se tient la cause du monde, qui est Prakriti. Dedans cette cause est Brahman. C'est dans la cosse d'une noix de coco qu'est le monde, la pulpe est prakriti et la douce et fraîche eau enchâssée dans la pulpe est Brahman.

16. Atman est telle la pleine lune. Vois-le dans toute chose. La dualité est le fait d'une mauvaise vue. De même qu'il n'y a qu'une seule lune, il n'y a qu'un seul Atman.

17. Aucune dualité ne peut atteindre le concept de Brahman, car il envahit tout. Le sage qui enseigne cela acquiert une patience sans limite et ses disciples ne le remercieront jamais assez de cela.

18. Le talentueux aussi bien que le sot atteignent l'état où disparaissent les désirs par la connaissance du mystère de l'Atman au travers de la grâce de leur maître spirituel.

19. L'ultime état de conscience est atteint par ceux-là qui sont libres de tout attachement et de toute aversion, toujours engagés à faire le bien à tous les êtres vivants, dont la connaissance est fermement enracinée, et qui sont patients.

20. Le yogi se dissout dans le divin après qu'il ait laissé son corps de même que le contenu d'un vase se fond dans l'espace à la destruction de celui-ci.

21. L'idée que la condition future est déterminée par l'état des pensées au moment de la mort est le fait des profanes, non des initiés.

22. Le connaisseur de Brahman peut laisser son corps dans un lieu saint ou bien dans la maison d'un intouchable, il n'en sera pas moins absorbé dans le Brahman.

23. Quand un yogi assimile la notion de Atman, qui est le vrai Même, sans naissance et au-delà du champ de l'esprit et des émotions, alors le karma et son cycle d'action et de conséquences ne le touchent plus. Il peut faire les rituels ou bien les abandonner. Pour lui, tout est Un.

24. Atman, compris et assimilé, est le maître de la création, éternel, indestructible, sans forme, sans dimension, absolument indépendant, sans plaisir ni peine, plein de tout les pouvoirs.

25. Le sage découvre que Atman n'est pas vu par l'étude des Védas, par les initiations, en se rasant la tête, ou en étant Gourou ou assidu disciple. Il n'est pas vu non plus en soignant ses postures.

26. Ce dieu, Atman, par le pouvoir duquel tout l'univers est né, en qui demeure et en qui finalement tout retourne, telles des bulles et des vagues dans l'océan, s'approche par la sagesse.

27. Atman, que le sage approche, n'est pas le but du contrôle du souffle ou des postures yogiques. En cela, il n'y a ni connaissance ni ignorance.

28. Il n'y a ni dualité ni unité en Atman, ni à la fois unité et dualité, ni petitesse ou grandeur, ni vide ni plénitude. Tout cela n'existe que dans l'esprit. Et l'esprit n'est pas Atman.

29. Le professeur ne peut pas enseigner Atman ; le disciple ne peut pas l'apprendre



Chapitre 3

1. Comment pourrais-je rendre grâce au grand Atman
Qui n'est ni personnel ni impersonnel,
Sans tache, au dessus de l'amour et de la haine, incréé,
Envahissant tout chose, de la même forme que l'Univers,
Qui n'a pas d'attribut sans être encore sans attribut
Tout bonheur parfait, Shiva, Mon Même ?

2. Comment pourrais-je m'incliner à mon propre Même
Dans mon propre Même et par Mon Même ?
Je n'ai pas de couleur, blanche ou jaune;
Je suis l'éternel Shiva

3. Je suis déraciné et sans racine,
Libre de fumée et sans fumée je suis,
Sans lampe et sans lumière je suis,
Impassible je suis tel un soleil toujours levé.

4. Comment puis-je nommer le sans passion, l'Unique sans désir
comme ayant des désirs ? L'Absolu ne peut
être décrit en terme de conditions;
Comment puis-je parler de moi-même ?
Je ne suis ni doté d'une essence, ni dénué d'une essence.
Tel l'Espace, toute impassibilité Je suis.

5. Comment pourrais-je dire que la non-dualité
est toute cette création, ou ceci, ou bien cela ?
Même si la dualité existait, alors de même je ne pourrais pas
lui attribuer création ou dissolution.
Comment l'Eternel, le Tout, peut-il
Être exprimé de quelque manière que ce soit ?
Tel l'Espace, je suis bonheur parfait.

6. Ni brut ni subtil, ainsi est mon Atman ;
Il ne vient ni ne va
Sans début ni fin
Ni plus haut ni plus bas ;
Cette absolue vérité, tel l'Espace,
Connaissance donnant l'immortalité Je [le] suis.

7. Considère bien que tous les sens
sont somme l'Espace, et ainsi aussi sont leurs objets.
Reconnais que l'Unique est sans tache.
L'Unique n'est ni lié ni libre.
Le Shiva pénétrant toute chose et toujours rayonnant de bonheur,
je suis la connaissance qui donne l'immortalité.

8. La connaissance du Même, difficile à obtenir,
le fruit de l'expérience n'est pas Atman;
L'objet de la méditation, sur lequel il est dur de se concentrer
n'est pas Atman;
Ce qui est proche ou loin ou au-delà encore,
n'est pas Atman, tel l'Espace, tout bonheur,
Je suis Shiva, Je suis Shiva.

10. La graine de la plante du monde n'existe pas en moi,
satisfaction et plaisirs n'existent pas en moi;
Attaches et ignorance ne sont pas en moi;
tel l'Espace, je suis le Shiva absolu.

11. Atman n'est pas le connaisseur ni le connu
Il n'est pas accessible à la déduction
Les mots ne peuvent décrire
Cette conscience absolue.
L'esprit est perdu dans se majesté
Comment pourrais-je te l'expliquer?
Je suis tel l'Espace qui donne l'immortalité.

12. En Cela ne sont ni séparation ni unité.
Il n'est ni intérieur ni extérieur,
Il est la transcendante vérité.
Il ne peut être dit "Il était avant tout"
En vérité rien d'autre qu'Atman n'existe.
Et tel l'Espace qui donne l'immortalité
je suis la connaissance.

13. Je suis le principe éternel
libre de l'attachement et de l'aversion
libre des imperfections je suis,
Destin et providence n'existent pas en moi.
Éternellement libre des souffrances du monde,
Vraiment tel l'Espace qui donne l'immortalité je suis la connaissance.

14. De même que les trois états de conscience n'existent pas en Atman,
Comment pourrait-il être le quatrième?
Libre du passé, du présent et du futur
Comment les points cardinaux pourraient exister en lui?
Paix éternelle, transcendant tel l'Espace,
Je suis la vérité.

15 .Je n'ai ni père ni mère,
ni épouse ni enfants.
Je ne connais ni naissance ni mort.
Mon esprit n'est pas le mien.
Paix éternelle, transcendant tel l'Espace,
Je suis la paix.

16. Divinités et dieux, tels Indra et Brahma,
n'ont pas de place en Atman.
Ni paradis ni cieux n'existent en Atman.
Seul transcendant et sans tache
Je suis la vérité.

17. Les dits des textes : "Pas Ceci, pas Ceci"
ne s'appliquent pas à Atman.
Comment pourrait il être dit " Quand tout est soutiré,
seul reste Atman"?
Il est symbolique mais n'est pas un symbole;
Même cela ne peut être dit d'Atman.
Tel l'Espace, l'eau de l'immortalité, Je suis.

18. Maya n'est pas ma modification.
Ni ses effort de séduction les miens.
Tromperie et hypocrisie, vérité et mensonge,
n'ont pas de place en moi.
Tel l'Espace, je suis la connaissance
qui donne l'immortalité.



Chapitre 4

1. Rien ne peut être ajouté ou soustrait à la conscience universelle. Cela ne peut être invoqué ou adoré par des fleurs et des feuilles. Méditations et mantras ne peuvent l'atteindre. Comment cela pourrait-il être adoré tel Shiva ? En lui n'est ni distinction ni unité.

2. Dans l'Unique n'est ni lien ni libération, ni pureté ni impureté. De l'union et de la séparation, l'Unique est libre. Ce semblable à l'Espace, je le suis.

3. Tel qu'en réalité je suis Nirvana, bien que la réalité ou l'irréalité du monde ne me troublent pas du tout.

4. Je suis éternellement libre des taches de l'ignorance, savoir ou illusion ne naissent jamais en moi. Comment puis-je dire lié ou libre ?

5. Ni péché ni vertu n'ont jamais existé en moi; par nature, je suis Nirvana. Je ne suis ni l'adoré ni l'adorateur. Il n'y a nuls instruction ou rituel pour moi. Je ne suis pas non plus la connaissance. Par nature, je relève du Nirvana.

6. Je suis le Nirvana sans tache ; je ne suis ni le comprenant ni le compris. Ni cause ni effet n'existent en moi.

7. Ni je n'ai de corps ni je ne suis incorporel. L'intellect, l'esprit, les sens ne sont pas miens. Comment pourrais-je parler de l'attachement et du détachement puisque je suis le Nirvana sans tache ?

8. En moi, naissance, mort, pureté, impureté, poison ou eau d'immortalité n'existent pas. Vraiment, je suis même libre des traces du Nirvana. Je ne peux pas dire "le troisième" ou "le quatrième"

9. Je ne suis ni un fou ni un lettré, ni silencieux ni loquace; comment pourrais-je parler de raisonner ou d'argumenter puisque je suis libre même des traces du Nirvana ?

10. Abandonnant toutes les méditations, toutes les bonnes et les mauvaises actions, buvant l'eau de l'immortalité, le héros sait que je suis libre de l'empreinte du Nirvana.

11. Aucune injonction rituelle ne me lie; l'esprit, siège des anxiétés n'existe pas en moi. Loin, loin de moi est aussi l'égoïsme. Tel l'Espace, je suis la connaissance absolue qui donne l'immortalité.

12. Je ne peux pas dire si le monde est néant ou s'il est en partie réel ou irréel, ou si, telle un fleuve toujours changeant, il n'est en fait réel que pris comme un tout. Tel l'Espace, je suis la connaissance absolue qui donne l'immortalité.

13. Il n'y a pas la moindre ombre de nom ou de forme dans l'infini, non plus d'unité ou de diversité en moi. Mon esprit sans honte, pourquoi crées-tu une confusion ? Tel l'Espace, je suis la connaissance absolue qui donne l'immortalité.

14. Mon ami, il n'y a pas de raison d'inquiétude puisque tu n'es pas ce corps. Tu es impérissable et éternel, alors pourquoi pleures-tu? Repose en paix. Tel l'Espace, je suis la connaissance absolue qui donne l'immortalité.

15. Pourquoi es-tu troublé, ami, puisque l'avarice, le désir, l'attachement ne sont pas ce que tu es ? Tel une réalisation de l'Espace, je suis la connaissance absolue qui donne l'immortalité.

16. Pourquoi cette envie de pouvoir, compagnon, quand en vérité la prospérité n'est pas ton but ? "Le mien" et "le tien" ne sont pas en toi.

17. Dans ton cœur, il n'y a pas de méditant, pas de Samadhi, ni aucune possibilité de méditation en Atman. Temps et causalité n'ont jamais en toi existé.

18. J'ai parlé au disciple de l'essence de la vérité. Il n'y a pas "toi" ou "moi", pas de monde, pas de maître, pas de discipline. Reconnais que par nature je suis la liberté absolue. Je suis la vérité transcendante.

19. Quand Atman, l'existence absolue, est seul à exister et qu'il est moi, alors où est la vérité vraie, où est le bonheur parfait, la connaissance spirituelle ou séculaire?

20. Ignoré du feu, de l'eau et de la terre, sans mouvement, pénétrant toute chose tel l'Espace, la connaissance absolue reconnait l'existence de ton Atman.

21. Renonce, renonce au monde et aussi renonce à la renonciation, et même abandonne l'absence de renonciation. Par nature pénétrant tout comme l'Espace, tu es la connaissance absolue.



Chapitre 5

1. La syllabe OM, dite, est l'essence de la plus basse comme de la plus haute connaissance. Cela est Brahman, tel l'Espace. Il n'y a ni existence ni non-existence dans ce monde. Brahman est même libre de la dualité.

2. Tu es cet Atman dont les textes disent "Tu es Cela" [Tat tvam asi]. Comprends que tu es libre de l'illusion. Ne pleure pas esprit, tu es tout.

3. Il n'y a ni plus haut ni plus bas en toi. Tu envahis toute chose d'égale manière, sans intérieur ni extérieur. Alors que pleures-tu, mon esprit? Tout, tout est Brahman.

4. Ni l'imagination ni l'imaginé n'existent en toi; comprends que les causes et les effets ne te touchent pas. Tu es libre des mots est des expressions, éternellement le même. Esprit, ne pleure pas.

5. Savoir qu'il n'y a ni haut ni bas dans Atman est Samadhi ; Savoir que Atman est libre du temps et de l'espace est Samadhi. Ne pleure pas, esprit, tout est Brahman.

6. Ainsi il n'y a ni contenant ni contenu. Ainsi il n'y a pas de corps individuel, pas de contenant, il n'y a pas d'individualité. La cause et l'effet qui produisent les conditions n'existent pas en Atman. Alors pourquoi pleures-tu, mon esprit?

7. Il n'y a qu'un tout si nous vivons dans une hutte retirée ou dans une maison pleine de parentèle, Atman est libre de la multitude comme de la solitude. Il est également libre de la connaissance théorique et pratique ; Atman étant tout, mon esprit, ne pleure pas.



Chapitre 6

1. Tout l'univers est une projection de l'esprit; il y a donc un état d'esprit. La vraie nature de l'esprit est le bonheur parfait et quand l'esprit est apaisé, ce bonheur est révélé.

2. La conscience absolue, étant inconnaissable par l'esprit, comment un discours pourrait l'expliquer ?

3. Le Même est libre du jour et de la nuit et donc concevoir son pèlerinage dans le temps et l'espace ne peut être vrai.

4. Nul soleil n'illumine Atman; le feu et la lune ne peuvent briller sur lui. Cela n'est pas impassibilité ni sans désir; comment alors l'action pourrait y exister?

5. Il ne peut pas être dit que Cela puisse être connu par l'absence d'action. Ce n'est ni de l'intérieur ni de l'extérieur. Ce n'est rien d'autre que bonheur absolu.

6. Comment pourrait-il être affirmé que cela est le premier ou bien le dernier, puisque ce n'est ni élémentaire ni composé, ni vide ni plein? Éternel et toujours le même, l'essence de tout est Shiva.

7. L'état dans lequel Atman se tient est descriptible et indescriptible. Il n'est ni le connaisseur ni le connu. Il ne peut pas être imaginé ou défini. Comment pourrait-il être dit qu'il a un esprit ou quelque autre sens?

8. Espace, temps, eau, feu, terre, constituants du monde, sont un pur mirage. En vérité, l'Unique, impérissable, toujours plein de bonheur, est le seul à exister. Il n'y a ni nuage ni eau en lui.

9. Comme il n'y a pas de possibilité de naissance ou de mort en lui, aucune conception de droit ou déni de droit ne peuvent s'appliquer à lui. Cela, indifférencié, éternel, envahissant tout est Shiva seul.

10. Les modifications de la matière primordiale et de la conscience individualisée sont dans le champ des causes et des effets. Quand il y a seulement l'éternel et tout-pénétrant Shiva, comment pourrait-il y avoir matière ou esprit ?

11. Il n'y a pas de souffrance en Cela, ni possibilité de souffrance, parce qu'il est libre de tout attribut.

12. Il n'y a pas de dualité en Cela. Comment pourrait-il y avoir de vieillissement, de jeunesse ou d'enfance en ce principe éternel et unique ?

13. Atman ne dépend de rien et est illimité. La loi des causes et des effets ne le touche pas. Comment l'intellect, qui opère seulement de manière duale, et qui est périssable, pourrait-il le discerner?

14. Il ne saisit rien, ni n'est saisi. Il n'est pas né ni ne fut produit. Nous ne pouvons que dire qu'il n'y a pas de destruction possible.

15. En Atman, il n'y a ni féminité ni virilité, car de tels concepts n'existent pas dans l'éternité.

16. Il n'y a pas de plaisir en lui, ni faculté de jouir du plaisir, puisqu'il est libre de tels défauts comme l'attachement. Également libre des doutes et souffrances, Shiva est un et éternel et donc, les concepts de "Je" et "mien" ne s'appliquent pas à lui.

17. Il n'y a ni Brahman en lui ni absence de Brahman. Puisque lui seul existe et est éternité, il résulte qu'il est libre de peine et aussi libéré de peine.

18. Il n'y a ni gain ni peine. Engouement et sagesse matérielle n'ont pas de place en lui. Quand seule la conscience éternelle existe, comment la discrimination ou la sagesse pourraient-elle être contenues en elle?

19. En Cela il n'y a ni "Tu" ni "Je", donc famille et caste n'existent pas en Lui. Cela n'est ni vrai ni non-vrai. Ce n'est ni de ce monde ni du suivant. Comment quelqu'un pourrait-il le prier?

20. Illusoire est la connexion entre l'élève et le maître. Enseignement et contemplation, quand ils sont vus, ne sont pas admissibles. "Vraiment, Je suis Shiva". Ceci seul est la pleine vérité. Comment puis-je prier ou adorer Cela?

21. Le corps lui-même est imaginé en Atman comme un plein univers. Atman est libre de différentiations. Alors, puisque je suis Shiva, il ne peut y avoir d'idée de prière ou d'adoration.

22. La conscience absolue n'a pas de corps. Elle ne peut pas être désignée comme sans corps ou attributs. Tout ce qui peut être dit est que Cela est bonheur absolu. Ceci est le sommet de l'adoration, le point culminant de toute prière.

23. L'homme libre qui a réalisé le mystère de tous les mystères, et s'est élevé à l'état de bonheur absolu et incessant, circule au dessus des foules si peu concernées, irradiant le bonheur et une plus haute connaissance.

24. Il est vêtu d'un habit vieux et usé. Il marche dans un chemin libre de mérites religieux et de péchés. Il vit dans le temple du vide absolu. Son âme est nue et libre de toute tâche ou illusion par Maya faites.

25. L'homme libre n'a pas d'idéal, ni ne s'efforce d'atteindre un idéal. Ayant perdu son identité en Atman, libre des limites imposées par Maya, libre aussi des perfections du yoga, ainsi marche l'homme libre. Il ne débat avec personne, il n'est pas concerné par quiconque ou quelque objet que ce soit.

26. Libre des pièges des attentes et des espoirs, il a repoussé les oripeaux de pureté, vertu et tous les idéaux. Son chemin est libre de telles considérations. Il peut seulement être dit de lui qu'il est pureté absolue, et qu'il est loin, loin au dessus des nuages de Maya et de l'ignorance.

27. Il n'a nulle pensée telle que "Je ne suis pas dans le corps" ou "Je ne suis pas le corps". Il n'a pas d'aversion, d'attachement, d'engouement pour aucun objet ou personne. Pur comme l'espace, il marche, immergé dans le bonheur immaculé de son état naturel.

28. L'homme libre peut être comparé à l'espace démesuré. Il est éternité. En lui ne sont ni pureté ni impureté. Il n'y a ni variété ni unité en lui, ni liens ni absence de lien.

29. Libre de séparation et d'union, libre de plaisir ou d'absence de plaisir, il va calme et tranquille de part le monde. Ayant abandonné toute activité de l'esprit, il est dans son état normal d'indescriptible joie.

30. Atman, avec lequel l'homme libre a trouvé son unité naturelle, est sans limite et inconcevable. Il est inconnaissable par l'esprit. Il n'est ni une partie ni ne peut être divisé. Il ne peut pas être dit, "jusqu'ici vont ses provinces et pas plus loin". En vérité, Cela est difficile à décrire et difficile à obtenir.

31. L'homme libre n'est pas concerné par les choses de ce monde car son état d'autoréalisation rend tout autre chose insignifiante. Mort et naissance n'ont pas de sens; il ne médite pas ni ne prie.

32. Tout ce monde est un spectacle magique, comme un mirage dans le désert. Le bonheur concentré, seul et sans second, est Shiva et Cela est l'homme libre.

33. Le sage ne s'efforce de rien, pas même du Dharma ou de la libération. Il est libre de toutes actions ou mouvements et aussi du désir et de la renonciation

34. Que savent-ils, les lettrés, de lui? Même les Védas ne parlent pas parfaitement de lui. Ce bonheur absolu, à jamais indestructible, mais source de bonheur pour tous, est l'homme libre.



Chapitre 7

1. Quand en tant que pèlerin, je commence mon voyage vers Toi, mes petites notions du tout-pénétrant Atman meurent.

2. Alors mon esprit commence à méditer à ton propos, il perd tout intérêt dans les objets. Quand ma langue commence à te prier, elle perd le pouvoir de prier d'autres. J'oublie les trois grand péchés.

3. Celui dont l'intellect n'est plus attiré par les désirs et les plaisirs, dont la nature devient joie et compassion, qui, même en son cœur, n'a pas d'idée de possessions, qui est toujours en paix et le plus tempéré en toute chose et qui n'est pas dérangé par ce qui arrive ou par les événements, ce maître védique prend refuge en Atman. Toujours vigilant, solennel comme l'océan et plein de patience.

4. Celui qui a conquis les sensations de plaisir, la colère, l'avarice, l'attachement, la vanité et l'aversion, celui-là est en paix avec lui-même et libre de toute fierté.

5. Efficace dans ses engagements, plein de compassion est le renonçant; il a pitié de tous, n'a d'inimitié envers personne.

6. Il supporte avec patience le chaud et le froid, voyant l'Unique Même illuminer tous les corps. Il marche seul tel un rhinocéros. Il est devenu un océan de vérité et est à jamais engagé dans le travail de clémence. Tel est l'homme libre, libre de naissance et de mort.

7. Les connaisseurs de dieu connaîtront le sens des mots "homme libre" par les quatre lettres qui le forment A, V, Dh, T.

8. "A" vient dire la libération des pièges de l'espoir et des attentes, pure au commencement, au milieu et à la fin, immergée dans l'auto-joie.

9. "V" vient dire le déracinement de tous les désirs après le plaisir, subtil ou matériel, et pour la vie dans le présent comme auto-suffisant, le présent devenu éternité

10. "Dh" est le corps physique, couvert de crasse et de poussière, mais à l'esprit toujours pur et le cœur toujours en paix, au delà de la contemplation et de la méditation.

11. "T" est l'incessante contemplation de l'éternelle vérité, et l'indifférence envers les activités de l'esprit et des sens. Il parle aussi de la libération de l'égoïsme et de la fierté.

12. Malheur à qui abandonne la connaissance en la sagesse d'Atman, qui lui-même constitue la liberté et la joie éternelles au travers de tous les mondes, et [qui] retourne au champ des plaisirs limités et de l'ignorance.

13. Ceux qui désirent acquérir le bonheur éternel et le communiquer aux autres par leur enseignement, doivent abandonner tout plaisir des sens et plus spécialement celui qui est issu de l'union sexuelle.

14. Le corps est fait d'éléments impurs, de sang, de chair, d'os ou autre. Malheur à ceux qui s'y attachent et sont indifférents au constant bonheur d'Atman.

15. Il y a trois types de vins, produit du sirop, du grain ou du miel. Mais il en est un quatrième, le plus sombre de tous, le vin du sexe qui a intoxiqué le monde entier.

16. Quand l'esprit est incontrôlé, alors le corps, qui est un objet d'affection pour l'ignorant, souffre aussi, et quand l'esprit est contrôlé, le corps reste en bon état.

17. Ainsi, tous les amoureux de la sagesse, protègent leur esprit des sensations de plaisirs, et s'engagent dans la sagesse spirituelle.

18. Ceci est la chanson du grand Dattatreya Avadhut. Ceux qui le lisent et l'entendent dans une respectueuse attention, ne sont pas nés à nouveau sur cette Terre. "Je suis béni, je suis libre, je suis l'infini dans mon âme, je ne peux trouver ni début ni fin. Tout est mon Même"


***



ASHTAVAKRA-GITA



Chapitre I

Janaka:

Comment la connaissance peut-elle être acquise? Comment la libération peut-elle être atteinte? Et comment atteindre un état sans passion ? Dis-moi. 1.1


Ashtavakra:

Si tu cherches la libération, mon fils, évite les objets des sens comme un poison. Pratique la tolérance, la sincérité, la compassion, la retenue et la vérité comme un nectar. 1.2

Tu n'es pas composé des éléments - la terre, l'eau, le feu, l'air, ou même l'éther. Pour être libéré, connais toi toi-même comme étant la conscience, le témoin de ceux-ci. 1.3

Si tu parviens juste à rester au repos dans la conscience, te percevant toi-même comme distinct de ton corps, alors tu deviendras heureux, paisible et libre de tout lien. 1.4

Tu n'appartiens pas à la caste des prêtres ni à nulle autre caste, tu n'es à aucune étape, et tu n'es rien que l'œil puisse voir. Tu es sans attache et sans forme, le témoin de toute chose - alors sois heureux. 1.5

Vertu ou vice, plaisir ou douleur, ne sont que le produit du mental et ne te concernent pas. Tu n'es ni celui qui agit, ni celui qui recueille les fruits, tu es donc toujours libre. 1.6

Tu es le témoin de toute chose, et tu es toujours totalement libre. La cause de tes liens est que tu vois le témoin comme autre chose que cela. 1.7

Parce que tu a été mordu par le serpent noir, la croyance en « je suis celui qui agit », bois l'antidote de la foi dans le fait que « je ne suis pas l'agissant », et soit heureux. 1.8

Brûle la forêt de l'ignorance avec le feu de la connaissance que « je suis l'unique pure conscience » et sois heureux et libéré de l'affliction. 1.9

Cela en qui tout ceci apparaît - imaginé tel un serpent dans une corde - cette joie, suprême joie et conscience est ce que tu es, alors sois heureux. 1.10

Si l'on se pense libre, on est libre, et si l'on se croit attaché, on est attaché. Ici, cet adage est vrai : « le penser, c'est l'être ». 1.11

Ta nature réelle est l'Un parfait, libre, la conscience impassible, le témoin universel, détaché de tout, sans désir et en paix. C'est par une illusion que tu parais impliqué dans le samsâra. 1.12

Médite sur toi-même comme une conscience immobile, libre de tout dualisme, renonçant à l'idée fausse selon laquelle tu es juste une conscience dérivée, ou quoi que ce soit d'externe ou interne. 1.13

Tu a été longtemps pris au piège de l'identification au corps. Tranche ce lien avec le couteau de la connaissance que « je suis la conscience », et sois heureux, mon fils. 1.14

Tu es réellement libre de toute attache et de toute action, déjà illuminé par nature et sans tâche. Ton esclavage vient de ta recherche constante à calmer le mental. 1.15

Tout cela est empli de toi et se déroule en toi, car ce dont tu es fait est pure conscience - alors ne sois pas étroit d'esprit. 1.16

Tu es inconditionné et immuable, sans forme et permanent, insondable conscience et imperturbable, alors ne te réfère à rien d'autre que la conscience. 1.17

Vois que ce qui est apparent n'est pas réel, tandis que le non-manifesté demeure. Grâce à cette initiation à la vérité, tu ne tomberas plus dans l'irréalité. 1.18

De la même façon qu'un miroir existe partout à l'intérieur et en dehors de ses images réfléchies, ainsi le Seigneur Suprême existe partout à l'intérieur et en dehors de ce corps. 1.19

De la même façon qu'un seul et même espace universel existe à l'intérieur et autour d'une jarre, ainsi l'éternel et immortel Dieu existe dans la totalité des choses. 1.20



Chapitre II

Janaka:

En vérité, je suis sans reproche et en paix, la conscience au-delà de la causalité naturelle. Tout ce temps j'ai été affligé par l'illusion. 2.1

Comme je suis le seul à donner de la lumière de ce corps, je la fais aussi pour le monde et j'ai pour fruit que le monde est mien ou bien que rien n'est. 2.2

Alors maintenant, abandonnant le corps et tout le reste, par quelque bonne fortune ou d'autres choses, mon vrai moi devient apparent. 2.3

Tout comme les vagues, la mousse et les bulles ne sont pas différents de l'eau, tout ce qui a émané de Soi-même, n'est autre que Soi-même. 2.4

De la même manière que lorsque l'on analyse un tissu on y trouve la tresse, ainsi quand tout est analysé in n'est découvert rien d'autre que le Soi-Même. 2.5

Tout comme le sucre produit à partir du jus de la canne à sucre est imprégné du même goût, alors tout ceci, produit en dehors de moi, est complètement imprégné de moi. 2.6

C'est par l'ignorance de Soi-même que le monde apparaît, et par la connaissance de Soi-même qu'il s'évanouit. De la méconnaissance de ce qu'est la corde, un serpent semble apparaître, et par la connaissance de celle-ci, il ne semble plus exister. 2.7

Être radieux est ma nature essentielle, et je ne suis rien de plus ni au-delà de cela. Quand le monde s'illumine, c'est tout simplement moi qui resplendis. 2.8

Tout cela apparaît en moi comme imaginé par l'ignorance, comme on prend une corde pour un serpent, la lumière du soleil pour un reflet sur l'eau, et la nacre pour de l'argent. 2.9

Tout cela, dont je suis l'origine, est résolu aussi par un retour en moi, comme une cruche redevient argile, une vague redevient l'eau, et un bracelet redevient or. 2.10

Quelle merveille je suis donc ! Gloire à moi, pour qui il n'y a pas de destruction, demeurant même au-delà de la destruction du monde jusqu'à la dernière touffe d'herbe par Brahma. 2.11

Quelle merveille je suis donc ! Gloire à moi, solitaire, même si doté d'un corps, ni en allant ni venant partout, moi qui demeurera éternellement, remplissant tout ce qui est. 2.12

Quelle merveille je suis donc ! Gloire à moi ! Il n'y a pas un si habile que moi! Moi qui ai porté tout ce qui est toujours, sans même le toucher avec mon corps! 2.13

Quelle merveille je suis donc ! Gloire à moi ! Moi qui ne possède rien du tout, ou bien possède tout ce auquel la parole et l'esprit peuvent se référer. 2.14

Connaissance, ce qui doit être connu, et le connaissant - ces trois n'existent pas en réalité. Je suis la réalité immaculée dans laquelle ils apparaissent à cause de l'ignorance. 2.15

Vraiment le dualisme est la racine de la souffrance. Il n'y a pas d'autre remède que la prise de conscience que tout ce que nous voyons est irréel, et que je suis la seule réalité incorruptible, composé de conscience. 2.16

Je suis une pure conscience que, par ignorance, j'ai imaginé avoir des attributs supplémentaires. En permanence reflétant cela, ma demeure est dans l'inimaginable. 2.17

Pour moi il n'y a ni la servitude, ni la libération. L'illusion a perdu son socle et a cessé. Vraiment tout cela existe en moi, même en fin de compte cela n'existe même pas en moi. 2.18

J'ai reconnu que tout cela, et mon corps, ne sont rien, tandis que mon vrai moi n'est rien que la conscience pure, ainsi, que peut faire maintenant le travail d'imagination ? 2.19

Le corps, le ciel et l'enfer, la servitude et la libération, et la peur aussi, tout cela est pure imagination. Que reste-t-il à faire pour moi dont la nature est conscience ? 2.20

En vérité, je ne vois pas le dualisme, même dans une foule de gens. Quel plaisir aurais-je quand il s'est transformé en désolation ? 2.21

Je ne suis pas le corps, ni le corps n'est mien. Je ne suis pas un être vivant. Je suis la conscience. Ce fut ma soif de vivre qui a fut mon asservissement. 2.22

Vraiment, C' est dans l'océan sans limites de moi-même, stimulé par les vagues colorées des mondes, que se lève soudain le vent de la conscience. 2.23

C' est dans l'océan infini de moi-même, que le vent de la pensée s'apaise, et que l'écorce du monde des êtres vivants, qu'un marchand semble mener, est détruit par le manque de marchandises. 2.24

Comment il est merveilleux que, dans l'océan sans limites de moi-même les vagues des êtres vivants se rencontrent, se heurtent, jouent puis disparaissent, en fonction de leurs natures. 2.25



Chapitre III

Ashtavakra:

Ayant la connaissance de soi comme vraiment un et indestructible, comment un homme sage qui possède comme toi ce savoir, prendrait plaisir à acquérir de la richesse ? 3.1

En vérité, c'est quand on connaît pas Soi-même que l'on prend plaisir dans les objets de la fausse perception, de même que la cupidité se meut pour de l'argent factice en ne reconnaissant pas la nacre pour ce qu'elle est. 3.2

Tout cela jaillit comme des vagues dans la mer. En reconnaissant, "je suis Cela", pourquoi courir autour de quelqu'un par besoin ? 3.3

Après avoir entendu de Soi-même tel la conscience pure et suprêmement belle, celui-là irait-il convoiter de sordides objets sexuels ? 3.4

Quand le sage a compris qu'il est lui-même dans tous les êtres, et que tous les êtres sont en lui, il est étonnant que le sens de l'individualité soit en mesure de continuer. 3.5

Il serait étonnant qu'un homme qui a atteint l'état suprême de non-dualité et reçu les bénéfices de la libération soit toujours soumis à la convoitise et freiné par l'activité sexuelle. 3.6

Il serait étonnant que déjà très affaibli, et sachant très bien que son excitation est l'ennemi de la connaissance, il fût encore nostalgique de la sensualité, même à l'approche de ses derniers jours. 3.7

Il serait étonnant que celui qui est hors des choses de ce monde ou du suivant, qui différencie le permanent et l'éphémère, et qui s'engage pour la libération, ait peur de la libération. 3.8

Fêté ou tourmenté, le sage est toujours conscient de sa suprême nature propre et n'est ni heureux, ni déçu. 3.9

La grande âme voit même son propre corps dans l'action comme s'il s'agissait d'un autre, alors comment serait-il perturbé par la louange ou le blâme ? 3.10

En voyant ce monde comme une pure illusion, dépourvu de tout intérêt, comment l'âme forte, pourrait ressentir de la peur, même à l'approche de la mort ? 3.11

Qui est comparable à cette âme forte dont l'esprit est libre du désir, même dans la déception, et qui a trouvé satisfaction dans la connaissance de soi ? 3.12

Comment l'esprit fort, qui sait que ce qu'il voit, de par sa nature même- rien- devrait considérer une chose ou en rejeter une autre? 3.13

Pour qui a éliminé l'attachement, et est exempt de dualisme et de désir, un objet de jouissance qui vient par lui-même n'est ni douloureux ni agréable. 3.14



Chapitre IV

Ashtavakra:

Certes, le sage qui a la connaissance de soi, jouant de la jouissance du monde, ne ressemble pas à bêtes égarées dans le monde de la peine. 4.1

Vraiment, le yogi ne ressent aucune émotion, même à accéder à cet état auquel tous les Devas d'Indra aspirent jusqu'à en être inconsolables. 4.2

Celui qui a connu Cela est indifférent aux actes bons ou mauvais, tout comme le ciel n'est pas touché par la fumée, quand bien même il peut sembler l'être. 4.3

Qui peut empêcher la personne de grande âme qui a connu tout ce monde comme lui-même de vivre comme il lui plaît? 4.4

Parmi les quatre catégories d'êtres vivants, de Brahma jusqu'à la dernière touffe d'herbe, seul l'homme de savoir est capable de repousser le désir et l'aversion. 4.5

Rare est l'homme qui se sait lui-même comme indivis du Seigneur du monde, et nulle peur ne vient à qui sait cela de tout. 4.6



Chapitre V

Ashtavakra:

Tu n'es pas lié par quoique ce soit. A quoi une personne pure comme toi devrait renoncer? Mettant au repos l'organisme complexe, tu pourras trouver ton repos. 5.1

Tout cela coule de toi, comme une bulle de la mer. Te connaissant toi-même ainsi, n'étant qu'un, tu trouveras le repos. 5.2

En dépit que cela fut devant tes yeux, tout cela, étant non substantiel, n'existe pas en toi, qui est resplendissant. C’est une apparence comme le serpent semble une corde, tu peux donc prendre ton repos.5.3

Egal dans la douleur et dans le plaisir, égal dans l'espérance et dans la déception, l'égalité dans la vie et la mort, et complet tel que tu l'es, tu trouveras le repos. 5.4



Chapitre VI

Ashtavakra:

Je suis infini comme l'espace, et le monde naturel est comme une jarre. Le savoir est la connaissance, et alors il n'y a ni renoncement, acceptation ou fin de celui-ci. 6.1

Je suis comme l'océan, et la multiplicité des objets est comparable à une vague. Le savoir est la connaissance, et alors il n'y a ni renoncement, acceptation ou fin de celui-ci. 6.2

Je suis comme la nacre, et le monde imaginaire est comme l'argent. Le savoir est la connaissance, et alors il n'y a ni renoncement, acceptation ou fin de celui-ci. 6.3

Ou bien si tu le veux, je suis dans tous les êtres, et tous les êtres sont en moi. Le savoir est la connaissance, et alors il n'y a ni renoncement, acceptation ou fin de celui-ci. 6.4



Chapitre VII

Janaka:

C'est dans l'océan infini de moi-même que l'écorce du monde erre ici et là, mue par son propre vent intérieur. Je ne suis pas perturbé par cela. 7.1

Laisser lever la vague du monde, ou bien disparaître par sa propre nature dans l'océan infini de moi-même. Il n'y a pas augmentation ou la diminution de moi de par cela. 7.2

C’est dans l'océan infini de moi-même que l'imagination que l'on nomme le monde prend place. Je suis suprêmement en paix et sans forme, et comme tel, je reste. 7.3

Ma vraie nature n'est pas contenue dans des objets, ni aucun objet n'existe en elle, car elle est infinie et resplendissante. Elle est détachée, sans désir et en paix, et comme tel, je reste. 7.4

Oui, je ne suis rien d'autre que la conscience pure, et le monde est tel le spectacle d'un prestidigitateur, alors comment pourrais-je imaginer qu'il y ait quelque chose là à accepter ou à rejeter? 7.5



Chapitre VIII

Ashtavakra:

La servitude, c'est quand l'esprit aspire à quelque chose, se chagrine de quelque chose, rejette quelque chose, tient à quelque chose, est heureux de quelque chose ou mécontent de quelque chose. 8.1

La libération, c'est quand l'esprit n'a plus d'envie pour rien, de peine pour rien, de rejet pour rien, ne tient à rien, et n'est content ou mécontent de rien. 8.2

La servitude, c'est quand l'esprit est empêtré dans l'un des sens, et la libération, c'est quand l'esprit n'est pas emmêlé dans aucun des sens. 8.3

Lorsqu'il n'y a pas de « moi » c'est la libération, et quand il y a « moi » c'est la servitude. Compte tenu de cette ardeur, ne retient ni ne rejette rien. 8.4



Chapitre IX

Ashtavakra:

Le savoir c'est quand le dualisme des choses faites et défaites a été mis au repos, ou la personne pour laquelle elles se produisent est en paix, alors tu peux ici et maintenant aller au-delà du renoncement et des obligations par l'indifférence à ces choses. 9.1

Rare en effet, mon fils, est l'homme chanceux dont l'observation du comportement du monde a conduit à l'extinction de sa soif de vivre, de sa soif de plaisir et de la soif de connaissances. 9.2

Tout cela est impermanent et gâché par les trois sortes de douleurs. En reconnaissant que cela est inconsistant, dénué de substance, et tout juste bon pour le rejet, on atteint la paix. 9.3

Quand était cet âge ou ce temps de la vie où le dualisme des extrêmes n'existait pas pour les hommes? Les abandonnant, une personne qui est heureux de prendre tout qui est atteint la perfection. 9.4

Qui n'en vient pas à l'indifférence à l'égard de telles choses et parvient à la paix quand il a vu les différences d'opinions parmi les grands sages, saints et yogis? 9.5

N'est-il pas un gourou qui, libre de passion et plein sérénité, atteint la pleine connaissance de la nature de la conscience, et incite les autres à sortir du cycle des réincarnations? 9.6

Si tu veux juste voir les transformations des éléments comme rien de plus que les éléments, alors tu sera immédiatement affranchi de toutes les obligations et établi dans ta propre nature. 9.7

Notre inclination est le cycle des réincarnations. Sachant cela, abandonne-le. La renonciation à lui est le renoncement de celui-ci. Maintenant tu peux rester comme tu es. 9.8



Chapitre X

Ashtavakra:

Abandonnant le désir, l'ennemi, ainsi que le gain, lui-même si plein de perte, et les actions contraignantes qui sont la cause des deux autres - pratiques l'indifférence envers tout. 10.1

Vois les choses telles que amis, terres, argent, biens, épouses, et héritages comme rien d'autre qu'un rêve ou un tour de prestidigitateur de trois ou cinq jours. 10.2

Partout où le désir règne, vois en lui le cycle des réincarnations. En t'établissant dans la sérénité , sois libre de passion et heureux. 10.3

La nature essentielle de la servitude n'est rien d'autre que le désir, et son élimination est connue comme une libération. C'est tout simplement en ne s'attachant pas à changer les choses que la joie éternelle de l'épanouissement est atteinte. 10.4

Tu es un, conscient et pure, tandis que tout cela n'est qu'inerte non-être. L'ignorance elle-même n'est rien, alors qu'as-tu besoin du désir comprendre? 10.5

Royaumes, enfants, épouses, corps, plaisirs - Ils ont tous été perdus pour toi dans la vie après la vie, tant bien tu y étais attaché. 10.6

Assez de richesse, de sensualité et d'actes. Dans la forêt du cycle des réincarnations, l'esprit n'a jamais trouvé satisfaction en eux. 10.7

Par combien de naissances n'as tu pas fait le travail dur et douloureux du corps, de l'esprit et de la parole. Maintenant enfin arrêtes! 10.8



Chapitre XI

Ashtavakra:

Impassible et sans souffrance, réalisant qu'être, non-être et transformation sont de la nature même des choses, on trouve facilement de la paix. 11.1

En paix, ayant perdu tous les désirs à l'intérieur, et réalisé que rien n'existe ici que le Seigneur, le Créateur de toutes choses, on n'est plus attaché à rien. 11.2

Conscient du fait que le malheur et la fortune proviennent du destin, on est contenté, son sens sous contrôle, et n'aimant ni ne haïssant. 11.3

Réalisant que le plaisir et la douleur, la naissance et la mort viennent du destin, et que ses désirs ne peuvent être assouvis, on reste inactif, et même lorsqu'il agit ne pas attaché. 11.4

Conscient du fait que la souffrance ne naît de rien d'autre que de la pensée, c'est en abandonnant tous les désirs qu'on se débarrasse d'elle, et qu'on est heureux et en paix partout. 11.5

Réalisant "je ne suis pas le corps", ni "le corps est mien". Je prends conscience , on atteint l'état suprême et ne se souvient plus des choses faites ou défaites. 11.6

Réalisant, «C'est juste moi, de Brahma jusqu'à la dernière touffe d'herbe", on devient libre de l'incertitude, pur, en paix et peu soucieux de ce qui a été atteint ou non. 11.7

Consciente du fait que tout les choses variées et merveilleuses du monde ne sont rien, on devient réceptivité pure, libre d'inclinations, et comme si rien n'existait, on trouve la paix. 11.8




Chapitre XII

Janaka:

Tout d'abord j'ai été opposé à l'activité physique, puis aux longs discours, et enfin à la pensée même, qui est ce pourquoi je suis maintenant là. 12.1

En l'absence des délices des sons et des autres sens, et par le fait que je ne suis pas moi-même un objet des sens, mon esprit est concentré et libre de distraction - ce qui explique pourquoi je suis maintenant affermi. 12.2

En raison de la distraction des choses telles que l'identification erronée, on est conduit à lutter pour le calme mental. Reconnaissant cette tendance, je suis maintenant affermi. 12.3

En abandonnant le sentiment de rejet et d'acceptation, et plaisir et déception cessant aujourd'hui, brahmane, je suis affermi. 12.4

La vie dans une communauté, puis aller au-delà d'un tel État, la méditation et l'élimination des objets faits d'esprit - par le biais desquels j'ai vu mon erreur, et je suis maintenant affermi. 12.5

Tout comme la performance des actions est due à l'ignorance, de sorte que leur abandon l'est aussi. En reconnaissant pleinement cette vérité, je suis maintenant affermi. 12.6

Essayer de penser l'impensable, est quelque chose qui n'est pas naturel à la pensée. Abandonnant une telle pratique, donc, je suis maintenant affermi. 12.7

Celui qui a réalisé ceci a atteint l'objectif de la vie. Celui qui est de telle nature a fait ce qu'il faut faire. 12.8



Chapitre XIII

Janaka:

La liberté intérieure de n'avoir rien est difficile à réaliser, même avec un simple pagne, mais je vis comme il me plaît abandonnant à la fois le renoncement et l'acquisition. 13.1

Parfois, on éprouve de la détresse du fait de son corps, parfois en raison de sa langue, et parfois en raison de son esprit. Abandonnant tout cela, je vis comme il me plait dans l'accomplissement de l'existence humaine. 13.2

Reconnaissant que, en réalité, aucune action n'est jamais commise, je vis comme il me plait, juste faisant ce qu'il y a à faire. 13.3

Les yogis qui s'identifient avec leur corps sont insistants sur le respect et l'évitement de certaines actions, mais je vis comme il me plaît abandonnant l'attachement et de rejet. 13.4

Aucun profit ou perte qui vienne à moi en me tenant debout, en marchant ou bien couché, alors par conséquent, je vis comme il me plaît debout, marchant ou de dormant. 13.5

Je ne perds rien en dormant et ne gagne par l'effort, donc par conséquent, je vis comme il me plaît, abandonnant pertes et succès. 13.6

Observant souvent les inconvénients de ces choses comme des objets agréables, je vis comme il me plaît, abandonnant le plaisant et le déplaisant. 13.7

Chapitre XIV

Janaka:

Celui qui, par nature, est vide d'esprit, et qui pense aux choses sans intention, est libéré du souvenir volontaire comme on l'est d'un rêve éveillé. 14.1

Quand mon désir a été éliminé, pourquoi aurais-je fortune, amis, sens trompeurs, écritures ou connaissance? 14.2

Réalisant ma suprême nature propre en la personne du Témoin, le Seigneur, et l'état sans désir dans la servitude ou la libération, je ne me sens inclination pour la libération. 14.3

Les différents états de celui qui est vide d'incertitude intérieure, et qui erre au sujet de ce qu'il veut comme un fou, peut seulement être connu par quelqu'un dans le même état. 14.4

Chapitre XV

Ashtavakra:

Si un homme de l'intelligence pure peut atteindre la plupart des objectifs usuels de l'enseignement, un autre peut cherche la connaissance toute sa vie et rester perplexe. 15.1

La libération est aversion pour les objets des sens. La servitude, c'est l'amour des sens. Il s'agit là de la connaissance. Maintenant, fais comme il te plaît. 15.2

Cette prise de conscience de la vérité rend l'homme éloquent, intelligent et énergique muet, stupide et paresseux, aussi il est évité par ceux dont le but est le plaisir. 15.3

Tu n'es pas le corps, ni le corps n'est tien, ni tu es l'auteur d'actions ou de le moissonneur de leurs conséquences. Tu es éternellement pure conscience du témoin, n'ayant besoin de rien - alors vis heureux. 15.4

Le désir et la colère sont des objets de l'esprit, mais l'esprit n'est pas le tien, ni ne l'a jamais été. Tu es sans choix, éveil à la conscience même et immuable - donc vis heureux. 15.5

Se reconnaissant soi-même dans tous les êtres, et tous les êtres en soi, sois heureux, libre du sens des responsabilités et sans souci du «moi». 15.6

Ta nature est la conscience, dans laquelle le monde entier s'échappe, comme des vagues dans la mer. C'est ce que tu es, sans aucun doute, donc sois libre de trouble. 15.7

Aies confiance, mon fils, aies la foi. Ne te laisse pas faire par l'illusion. Tu es toi-même le Seigneur, dont l'attribut est la connaissance, et au-delà de la causalité naturelle. 15.8

Le corps investi des sens est toujours debout, et va et vient. Toi-même, ni ne viens ni ne vas, alors pourquoi te préoccuper d'eux? 15.9

Que le corps dure jusqu'à la fin de l'âge, ou qu'il finisse maintenant. Qu'as-tu gagné ou perdu, toi qui te composes de la conscience pure? 15.10

Laisse lever la vague du monde ou disparais selon ta propre nature, dans le grand océan. Ce n'est pas un gain ou une perte pour toi. 15.11

Mon fils, tu te composes de conscience pure, et le monde n'est pas séparé de toi. Alors, qui est pour accepter ou le refuser, et comment, et pourquoi? 15.12

Comment peut être la naissance, le karma ou la responsabilité en cette immuable unité, pacifique, conscience sans tache et infinie qui tu es. 15.13

Tout ce que tu vois, c'est toi seul qui t'y manifeste. Comment bracelets ou bracelets de cheville pourraient être différent de l'or? 15.14

Abandonnant de telles distinctions telles que «C'est ce que je suis», et «je ne suis pas cela», reconnaît que «tout est moi", et sois sans distinction et heureux. 15.15

C'est par ton ignorance que tout cela existe. En réalité, toi seul existe. En dehors de toi, il n'y a personne à l'intérieur ou au-delà du cycle des réincarnations. 15.16

Sachant que tout cela est une illusion, on devient libre du désir, réceptivité pure et paix, comme si rien n'existait. 15.17

Une seule chose a existé, existe et existera dans l'océan de l'être. Tu n'as pas de servitude ou de libération. Vis heureux et comblé. 15.18

Etant une conscience pure, ne dérange pas ton esprit avec des pensées de pour et de contre. Sois en paix et reste heureux en toi-même, essence même de la joie. 15.19

Renonce à la pratique de concentration complètement et ne tiens rien dans ton esprit. Tu es libre dans ta nature, aussi que réaliserais tu en travaillant ton cerveau? 15.20



Chapitre XVI

Ashtavakra:

Mon fils, Tu pourrais réciter ou écouter les écritures innombrables, mais tu ne seras pourtant pas en leur sein jusqu'à ce que tu aies tout oublié. 16.1

Tu pourrais en tant qu'homme instruit te livrer à la prospérité, à l'activité et la méditation, mais ton esprit sera encore en demande pour ce qui est la cessation du désir, et au-delà de tous les objectifs. 16.2

C'est à cause de l'effort que chacun est dans la douleur, mais personne ne s'en rend compte. Par cette instruction simple, le chanceux atteint la tranquillité. 16.3

Le bonheur n'appartient à personne d'autre qu'à l'homme suprêmement paresseux pour qui même ouvrir et fermer les yeux est une peine. 16.4

Quand l'esprit est libéré de ces paires d'opposés comme, "Je l'ai fait", et "je n'ai pas fait cela", il devient indifférent au mérite, à la richesse, à la sensualité et à la libération. 16.5

Un homme est sobre et répugne aux sens, un autre est avide et attaché à eux, mais celui qui est libre à la fois de prendre et de rejeter n'est ni sobre ni gourmand. 16.6

Tant que le désir, qui est l'état de l'absence de discrimination, reste, le sentiment de répulsion et d'attraction, qui est la racine et la branche du cycle des réincarnations, restera. 16.7

Le désir vient de l'usage, et l'aversion de l'abstention, mais l'homme sage est libre des paires d'opposés comme un enfant, et devient établi. 16.8

L'homme passionné veut se débarrasser du cycle des réincarnations afin d'éviter la douleur, mais l'homme sans passion est sans douleur et ne ressent aucune souffrance même en cela. 16.9

Celui qui est fier de la libération même ou de son propre corps, et les sent comme s’ils étaient les siens, n'est ni un devin ni un yogi. Il est seulement une victime. 16.10

Si même Shiva, Vishnu ou Brahma né du lotus furent tes instructeurs, jusqu'à ce que tu aies oublié toute chose tu ne pourrais d'établir. 16.11



Chapitre XVII

Ashtavakra dit:

Qui est satisfait, avec les sens purifiés, et toujours jouie de la solitude, a gagné le fruit de la connaissance et aussi le fruit de la pratique du yoga aussi. 17.1

Celui qui connaît la vérité n'est jamais en difficulté dans ce monde, car l'ensemble du cycle monde est plein de lui-même. 17.2

Aucun de ces sens ne plaisent un homme qui a trouvé satisfaction à l'intérieur de lui, tout comme les feuilles Nimba ne plaisent à l'éléphant qui a le goût des feuilles de Sallaki. 17.3

Détaché des choses qu'il a appréciées, et ne se languissant plus des choses qu'il n'a pas eues, un tel homme est difficile à trouver. 17.4

Ceux qui désirent le plaisir et ceux qui veulent la libération se trouvent tous dans le cycle des réincarnations, mais l’homme de grande âme qui ne désire ni plaisir ni libération est rare. 17.5

Ce n'est que le noble esprit qui est libre de l'attraction ou la répulsion pour la religion, la richesse, la sensualité, et de la vie et la mort aussi. 17.6

Il ne ressent aucun désir pour l'élimination de tout cela, ni colère à sa poursuite, ainsi l'homme heureux vit heureux avec tous les moyens de subsistance présents. 17.7

Ainsi, rempli par cette connaissance, content et avec l'esprit vidé, il vit heureux à juste voir, entendre, ressentir, sentir et gouter. 17.8

Dans celui pour lequel l'océan du cycle des réincarnations s'est tari, il n'y a ni attachement ni aversion. Son regard est libre, son comportement sans but, et ses sens inactifs. 17.9

Certes, l'état suprême est partout pour l'esprit libéré. Il n'est ni éveillé ni endormi, et n'ouvre ni ne ferme les yeux. 17.10

L'homme libéré est resplendissant partout, libre de tout désir. Partout il apparaît plein de sang-froid et pur de cœur. 17.11

Voyant, entendant, ressentant, sentant, goûtant, parlant et marchant, l'homme de grande âme qui est libéré d'essayer d'atteindre ou d'éviter tout est vraiment libre. 17.12

L'homme libéré est partout libre de désirs. Il ne blâme pas, ne loue pas, ne se réjouit pas, n'est pas déçu, et ne donne ni ne prend. 17.13

Qui est une grande âme est tout aussi imperturbable dans l'esprit et de sang-froid à la vue d'une femme pleine de désir qu'à l'approche de la mort, il est vraiment libéré. 17.14

Il n'y a pas de distinction entre le plaisir et la douleur, l'homme et la femme, le succès et l'échec pour l'homme sage qui regarde tout avec égalité. 17.15

Il n'y a pas d'agression ou de compassion, pas d'orgueil ou de l'humilité, nulle merveille ou confusion pour l'homme dont sont terminés le jeu des jours à courir. 17.16

L'homme libéré ne dédaigne pas les sens et n'est pas non plus attaché à eux. Il jouit toujours avec un esprit détaché à la fois dans la réalisation et la non-réalisation. 17.17

Qui est établi dans l'état absolu avec l'esprit vide ne connais pas l'alternative du calme intérieur et du manque de calme et du bien et du mal. 17.18

Libre du «moi» et du «mien» et du sens des responsabilités, conscient que «rien n'existe», avec tous les désirs éteints à l'intérieur, l'homme n'agit pas, même en agissant. 17.19

Celui dont l'esprit pensant est dissout atteint l'état indescriptible et il est libre de l'écran mental de l'illusion, du rêve et de l'ignorance. 17.20



Chapitre XVIII

Ashtavakra:

Louange à qui de la prise de conscience de l'illusion devient lui-même rêve, à qui est un pur bonheur, paix et lumière. 18.1

On peut obtenir toutes sortes de plaisir par l'acquisition de divers objets de jouissance, mais on ne peut pas être heureux que par l'abandon de tout. 18.2

Comment cela pourrait être le bonheur, pour celui qui est consumé à l'intérieur par le soleil brûlant de la douleur de ce qu'il devait faire, sans la pluie du nectar de la paix? 18.3

Cette existence est toute imagination. Il n'y a rien dans la réalité, mais il n'y a pas de non-être par nature qui sache comment distinguer l'être du non être. 18.4

Le royaume de Soi-même n'est pas loin, et il ne peut être atteint par la somme des restrictions à sa propre nature. Il est inimaginable, sans effort, immuable et sans tache. 18.5

Par la simple élimination de l'illusion et la reconnaissance de sa véritable nature, ceux dont la vision est sans nuage vivent libre de douleur. 18.6

Sachant tout comme venant de l'imagination, et Lui-même comme éternellement libre, comment le sage pourrait-il se comporter comme un fou? 18.7

Se sachant comme étant Dieu, et être et non-être comme juste imagination, que devrait savoir, dire ou faire l'homme libre ? 18.8

Des considérations comme «je suis ceci» ou «je ne suis pas cela» sont terminées pour le yogi qui est allé silencieux réalisant "Tout cela c'est moi-même». 18.9

Pour le yogi qui a trouvé la paix, il n'y a pas de distraction ou de concentration, pas plus de connaissances ou de ignorance, pas de plaisir et aucune douleur. 18.10

La domination du ciel ou la mendicité, le gain ou la perte, la vie parmi les hommes ou dans la forêt, cela ne fait aucune différence pour un yogi dont la nature est d'être libre de distinctions. 18.11

Il n'y a pas de religion, de richesse, de sensualité ou de discrimination pour un yogi libre des paires d'opposés tels que «Je l'ai fait» ou «je n'ai pas fait cela». 18.12

Il n'y a rien à avoir besoin d'être fait, ou quelque attachement dans son cœur pour le yogi libéré de son vivant. Les choses ne sont là que pour une durée de vie. 18.13

Il n'y a pas d'illusion, de monde, de méditation sur Cela, ou de libération pour l'âme pacifiée et grande. Toutes ces choses ne sont que le royaume de l'imagination. 18.14

Celui par qui tout cela est vu peut ainsi distinguer qu'il n'existe pas, mais que faire de l'absence de désir? Même en voyant il ne voit pas. 18.15

Celui par qui le Suprême Brahma est vu peut penser «Je suis Brahma», mais que ferait-il à penser lui qui est sans pensée, et qui ne voit pas de dualité. 18.16

Celui par dont la distraction intérieure est vue peut mettre un terme à cela, mais qui est noble n'en est pas distrait. Quand il n'y a rien à atteindre, qui a-t-il à faire? 18.17

Le sage, contrairement à l'homme commun, ne voit pas l'immobilité intérieure, la distraction ou la faute en lui-même, même quand il vit comme un homme ordinaire. 18.18

Rien n'est fait par celui qui est libre de l'être et du non-être, qui se contente, sans désir et sage, même si aux yeux du monde, il agit. 18.19

L'homme sage qui va juste faire ce que se présente à lui de faire, ne rencontre pas de difficulté dans l'activité ou l'inactivité. 18.20

Celui qui est sans désir, autonome, indépendant et libre des servitudes s'envole comme une feuille morte au vent de la causalité. 18.21

Il n'y a ni joie ni tristesse pour celui qui a transcendé le cycle des réincarnations. Il vit toujours avec un esprit paisible et comme s'il était sans corps. 18.22

Celui dont la joie est en lui-même, et qui est paisible et pur en lui n'a pas de désir de renonciation ou de sentiment de perte de quoi que ce soit. 18.23

Pour l'homme d'un esprit naturellement vide, faisant tout comme il lui plaît, il n'y a pas de telles choses telles l'orgueil ou la fausse humilité, comme il en existe pour l'homme naturel. 18.24

"Cette action a été faite par le corps, mais pas par moi". La personne pure humeur pensant comme cela, n'agit pas même quand elle agit. 18.25

Celui qui agit sans pouvoir dire pourquoi, mais pas parce qu'il est un fou, est libéré de son vivant, heureux et béni. Il prospère même dans le cycle des réincarnations. 18.26

Celui qui en a assez des considérations sans fin et a atteint à la paix, ne pense, sait, voit ou n'entend pas. 18.27

Celui qui est au-delà de l'immobilité mentale et la distraction, ne veut pas la libération ou toute autre chose. Reconnaissant que les choses ne sont que des constructions de l'imaginaire, la grande âme vit comme Dieu ici et maintenant. 18.28

Celui qui se sent responsable à l'intérieur, agit, même quand il n'agit pas, il n'y a aucun sens de faire ou défaire pour l'homme sage qui est libre du sens des responsabilités. 18.29

L'esprit de l'homme libéré n'est pas excédé ou le comblé. Il brille immobile, sans désirs, et libéré du doute. 18.30

Celui dont l'esprit n'entreprend pas de méditer ou d'agir, médite et agit sans avoir d'objectif. 18.31

Un homme stupide est troublé quand il entend la vérité, tandis qu'un homme de l'esprit est modeste de cela, tout comme le fou. 18.32

Les ignorants font un grand effort à la pratique d'un perfectionnisme et l'arrêt de la pensée, tandis que les sages ne voient rien devant être fait et restent en eux-mêmes comme ceux qui sont endormis. 18.33

Le stupide n'atteint pas la cessation qu'il agisse ou abandonne l'action, tandis que le sage trouve la paix en connaissant simplement la vérité. 18.34

Les gens ne peuvent en venir à se connaître par des pratiques aussi doté de conscience pure, claire, complète, au-delà de la multiplicité et irréprochables soient-ils. 18.35

Le stupide ne parvient pas à la libération, même par la pratique régulière, alors que l'heureux homme reste libre et sans action simplement par la discrimination. 18.36

Le stupide n'atteint pas la Divinité, car il veut la devenir, tandis que le sage jouit de la divinité suprême, sans même le vouloir. 18.37

Même quand on vit sans aucun soutien et avide de réussite, les stupides nourrissent encore le cycle des réincarnations, tandis que les sages ont coupé la racine même du malheur. 18.38

Le stupide ne trouve pas la paix parce qu'il la veut, alors que les sages voyant la vérité sont toujours d'esprit pacifique. 18.39

Comment y aurait-il connaissance de soi pour celui dont la connaissance dépend de ce qu'il voit. Les sages ne voient pas ceci ou cela, mais se considèrent comme sans fin. 18.40

Comment y aurait-il cessation de la pensée pour les égarés qui s'y efforcent. Pourtant, cela est toujours là naturellement pour l'homme sage se délectant de lui-même. 18.41

Certains pensent qu'il existe quelque chose, et d'autres que rien n'existe. Rare est l'homme qui ne pense ni l'un ni l'autre, et est ainsi libre de distraction. 18.42

Ceux de faible intelligence se savent comme des non-dualités pure, mais en raison de leur illusion ils ne le connaissent pas, et ne sont pas remplis pendant leur vie. 18.43

L'esprit de l'homme qui cherche la libération ne peut trouver aucun lieu de repos à l'intérieur, mais l'esprit de l'homme libéré est toujours libre de la volonté par le fait même d'être sans avoir un lieu de repos. 18.44

Voyant les tigres des sens, la effrayés chercheurs d'asile à la fois entrent dans la grotte de la recherche de la cessation de la pensée et de la concentration. 18.45

En voyant le lion sans désir les éléphants des sens s'enfuient en silence, ou, s'ils ne le peuvent pas, lui servent de courtisans. 18.46

L'homme qui est exempt de doutes et dont l'esprit est n'a rien à faire des moyens de libération. Qu'il voit, entende, sente une odeur ou goût, il vit avec aise. 18.47

Celui dont l'esprit est pur et non distrait de la simple audition de la Vérité ne voit ni quelque chose à faire, ni quelque chose à éviter, ni une cause à l'indifférence. 18.48

La personne simple fait tout ce qui a à être fait, bon ou mauvais, et ses actions sont comme celles d'un enfant. 18.49

Par la liberté intérieure on atteint le bonheur, par la liberté intérieure on atteint le suprême, par la liberté intérieure vient de l'absence de pensée, par la liberté intérieure vient l'état ultime. 18.50

Quand on se voit comme ni le semeur ni le moissonneur des conséquences, toutes les vagues de l'esprit arrivent à leur terme. 18.51

Le comportement spontanément réservé des sages est remarquable, mais pas le calme délibéré de l'idiot. 18.52

Les sages qui sont débarrassés de l'imagination, non reliés et avec une conscience libre peuvent s'amuser au milieu de nombreux biens, ou encore partir pour des grottes de montagne. 18.53

Il n'y a pas d'attachement dans le cœur d'un homme sage s'il voit ou rend hommage à un brahmane savant, un être céleste, un lieu saint, une femme, un roi ou un ami. 18.54

Un yogi n'est pas le moins du monde humilié par le ridicule des serviteurs, des fils, des épouses, petits-enfants ou d'autres parents. 18.55

Même si honoré il n'est pas content, ne souffrant pas, même dans la douleur. Seuls ceux tels que lui peuvent connaître l'état merveilleux d'un tel homme. 18.56

C'est le sens de la responsabilité qui est le cycle des réincarnations. Les sages qui sont de la forme du vide, sans forme, immuables et sans tache ne vois pas une telle chose. 18.57

Même ne faisant rien le fou est agité par sa dissipation, tandis qu'un homme habile reste paisible, même faisant ce qu'il y a à faire. 18.58

Heureux celui qui se tient debout, heureux qui est assis, heureux celui qui dort et heureux qui va et vient. Heureux celui qui parle, et heureux qui mange. Telle est la vie d'un homme en paix. 18.59

Celui qui de sa nature même, ne ressent pas le malheur dans sa vie quotidienne, comme les gens ordinaire, reste intacte comme un grand lac, toutes les douleurs disparues. 18.60

Même l'abstention de l'action conduit un fou à l'action, alors même que l'action de l'homme sage apporte les fruits de l'inaction. 18.61

Un fou montre souvent de l'aversion envers ses biens, mais pour celui qui n'a plus d'attachement au corps, il n'y a ni attachement ni aversion. 18.62

L'esprit de l'insensé est toujours pris dans un avis d'éviter ou de devenir quelque chose, mais la nature de l'homme sage est de ne pas avoir d'opinion sur le devenir et les choses à éviter. 18.63

Pour le visionnaire qui se comporte comme un enfant, sans désir dans toutes les actions, il n'y a pas d'attachement pour un tel pur être, même dans le travail qu'il accomplit. 18.64

Béni soit celui qui se connaît et est le même dans tous les états, avec un esprit libre de soif quand bien même il voit, entend, touche, sent ou de goûte. 18.65

Nul n'est soumis au cycle des réincarnations, au sens de l'individualité, à l'objectif ou aux moyens requis pour l'atteindre pour l'homme sage qui est toujours libre de l'imagination, et aussi immuable que l'espace. 18.66

Glorieux est celui qui a abandonné tous les buts et est l'incarnation de la satisfaction, sa nature même, et dont l'intérieur concentré sur l'inconditionné est tout à fait spontanée. 18.67

En bref, l'homme de grande âme qui a appris à connaître la Vérité est sans désir pour le plaisir ou la libération, et il est toujours et partout sans attachement. 18.68

Que reste-il à être fait pour l'homme qui est la conscience pure et a abandonné tout ce qui peut être exprimé en mots du haut du ciel à la terre elle-même? 18.69

L'homme pur qui a connu la paix indescriptible atteint la paix par sa propre nature, sachant que tout cela n'est qu'illusion, et que rien n'est. 18.70

Il n'y a pas de règles, de sérénité, de renonciation ou de méditation pour celui qui est pur réceptivité par nature, et n'admet aucune forme connaissable de l'être. 18.71

Pour celui qui brille de l'éclat de l'infini et n'est pas soumis à la causalité naturelle il n'y a ni servitude, ni libération, ni plaisir, ni douleur. 18.72

Dans le cycle des réincarnations règne la pure illusion qui se poursuivra jusqu'à la réalisation de soi, mais l'homme éclairé vit par la beauté de la libération du moi et du mien, du sens des responsabilités et de tout attachement. 18.73

Pour le visionnaire qui se sait impérissable et au-delà la douleur il n'y a ni connaissance, ni sens à je suis le corps ou à le corps est mien. 18.74

A peine un homme de faible intelligence abandonne des activités telles que l'élimination de la pensée qu'il tombe dans une course de chars mentale et babille. 18.75

Un imbécile ne peut pas se débarrasser de sa bêtise, même en écoutant la vérité. Il peut apparaître extérieurement comme libéré de l'imaginaire, mais à l'intérieur il est encore avide des sens. 18.76

Bien qu'aux yeux du monde, il soit actif, l'homme qui s'est défait de l'action par la connaissance ne trouve nul moyen de faire quoi que ce soit ou de parler de quoique ce soit. 18.77

Pour l'homme sage qui est toujours immuable et sans peur il n'y a ni ténèbres ni lumière, ni destruction, ni rien. 18.78

Il n'y a ni bravoure, ni prudence ni courage pour le yogi dont la nature est au-delà de la description et libre de l'individualité. 18.79

Il n'est ni paradis ni enfer, ni même liberté au cours de la vie. En un mot, à la vue du visionnaire, rien n'existe du tout. 18.80

Il n'aspire ni à posséder des biens, ni n'est affligé de leur absence. L'esprit calme du sage est plein de nectar d'immortalité. 18.81

L'homme serein ne loue pas le bien ni ne blâme les méchants. Retenu et égal dans la douleur et le plaisir, il ne voit rien qu'il faille faire. 18.82

L'homme sage ne déteste pas le cycle des réincarnations ni ne cherche à en connaître. Libre du plaisir et de l'impatience, il n'est pas mort et il n'est pas vivant. 18.83

Le sage se distingue en étant exempt d'anticipation, sans attachement aux choses telles qu'enfants ou épouses, libérer du désir pour les sens, et même pas préoccupé par son propre corps. 18.84

La paix est partout pour le sage qui vit de ce qui vient à lui, va où bon lui semble, et de dors là où le soleil se couche. 18.85

Que son corps de lève ou s'effondre, la grande âme ne lui donne aucune pensée, ayant tout oublié du cycle des réincarnations en s'immobilisant sur le sol de sa véritable nature. 18.86

Le sage a la joie d'être complet en lui-même et sans biens, agissant comme il lui plaît, libre de la dualité et débarrassé des doutes, sans attachement à toute créature. 18.87

Le sage excelle à être dénué du sens de «moi». La Terre, une pierre ou de l'or sont les mêmes pour lui. Les nœuds de son cœur ont été déchirés, et il est libéré de la cupidité et l'aveuglement. 18.88

Qui peut être comparé avec cette âme libérée et comblée qui ne tient compte de rien et n'a aucun désir oublié dans son cœur? 18.89

Qui d'autre que l'honnête homme sans désir sait sans savoir, voit sans voir et parle sans parler? 18.90

Mendiant ou roi, il est celui qui excelle à être sans désir, et dont l'opinion sur les choses est débarrassé des «bons» et «mauvais». 18.91

Il n'y a ni comportement dissolu ni vertu, ni même la discrimination de la vérité pour le sage qui a atteint l'objectif et est l'incarnation même de la sincérité naïve. 18.92

Comment peut-on décrire ce qui est vécu au sein d'un sans désir et sans douleur, et heureux de se reposer en lui-même - et à qui? 18.93

Le sage qui est heureux, en toutes circonstances ne dort pas, même dans le sommeil profond, ne dort pas dans un rêve, ni n'est éveillé quand il est éveillé. 18.94

Le visionnaire est sans pensées, même quand il pense, sans sens parmi les sens, sans compréhension, même dans la compréhension et sans sens de la responsabilité même en l'ego. 18.95

Ni heureux ni malheureux, ni détaché ni lié, ni cherchant la libération ni libéré, il n'est ni quelque chose, ni rien. 18.96

Non distrait dans la distraction, en une immobilité mentale sans assurance, dans une innocence qui n'est pas bête, ce bienheureux n'est même pas sage dans sa sagesse. 18.97

L'homme libéré est posé en toutes circonstances et sans l'idée de «faire» et «reste à faire». Il en est de même partout, il est et sans cupidité. Il ne s'attarde pas sur ce qu'il a fait ou pas fait. 18.98

Il n'est pas heureux de l'éloge, ni bouleversé du blâme. Il n'a pas peur de la mort, ni n'est attaché à la vie. 18.99

Un homme en paix ne court pas aux réunions animées ou à la forêt. Quoiqu'il arrive et où qu'il soit, il reste le même. 18.100



Chapitre XIX

Janaka:

Aidé de la pince de la connaissance de la vérité, j'ai réussi à extraire l'épine douloureuse des réflexions sans fin du fond de mon cœur. 19.1

Pour moi, établi dans ma propre gloire, il n'y a pas de religion, de sensualité, de possessions, de philosophie, de dualité, voire de non-dualité. 19.2

Pour moi conforté dans ma propre gloire, il n'y a pas de passé, de futur ou de présent. Il n'y a pas d'espace ni même d'éternité. 19.3

Pour moi conforté dans ma propre gloire, il n'y a pas de soi ni de non-soi, pas de bien ni de mal, pas de pensée ni même d'absence de pensée. 19.4

Pour moi conforté dans ma propre gloire, il n'y a ni rêve ni sommeil profond, pas de réveil, ni de quatrième état au-delà, et certainement rien à craindre. 19.5

Pour moi conforté dans ma propre gloire, il n'y a rien de loin et rien à proximité, rien à l'intérieur ni à l'extérieur, rien de grand et rien de petit. 19.6

Pour moi conforté dans ma propre gloire, il n'y a pas de vie ou de mort, pas de mondes ni de choses du monde, pas distraction ni silence de l'esprit. 19.7

Pour moi restant en moi, il n'est pas nécessaire de parler des trois buts de la vie, du yoga ou de la connaissance. 19.8



Chapitre XX

Janaka:

Dans ma nature intacte il n'y a pas d'éléments, pas de corps, pas de facultés, pas d'esprit. Il n'y a ni vide ni angoisse. 20.1

Pour moi, qui n'aie plus le sens du dualisme, il n'y a pas d'écritures, pas d'auto-connaissance, nul esprit libre d'un objet, pas de satisfaction et pas de liberté du désir. 20.2

Il n'y a ni connaissance ni ignorance, pas de «moi», «ceci» ou «mien», pas de servitude, pas de libération, et pas d'attribut de nature même. 20.3

Pour celui qui est toujours libre des caractéristiques individuelles il n'y a pas d'action antécédente de causalité, pas de libération au cours de la vie, et aucun accomplissement au moment de la mort. 20.4

Pour moi, libre de l'individualité, il n'y a ni semeur et ni moissonneur des conséquences, pas de cessation de l'action, rien qui découle de la pensée, aucun objet immédiat, et aucune idée de résultat. 20.5

Il n'y a pas de monde, nul chercheur de libération, nul yogi, nul visionnaire, aucun homme lié ni homme libre. Je reste dans ma propre nature non-duale. 20.6

Il n'y a pas d'émanation ni de retour, pas de but, ni moyens, ni homme en recherche ou en réalisation. Je reste dans ma propre nature non-duale. 20.7

Pour moi qui suis toujours sans tache, il n'y a pas de juge, pas de norme, rien à juger, et pas de jugement. 20.8

Pour moi qui suis pour toujours sans action, il n'y a pas de distraction n concentration, ni manque, pas de compréhension, ni bêtise, ni joie et ni chagrin. 20.9

Pour moi qui suis toujours libre de délibération il n'y a ni vérité conventionnelle, ni vérité absolue, ni bonheur ni souffrance. 20.10

Pour moi qui suis à jamais pur, il n'y a pas d'illusion, pas de cycle des réincarnations, ni attachement ni détachement, nul être vivant et pas de Dieu. 20.11

Pour moi qui suis à jamais immobile et indivisible, conforté en moi-même, il n'y a pas d'activité ou d'inactivité, pas de libération et aucune servitude. 20.12

Pour moi qui suis béni et sans limitation, il n'y a pas d'initiation ni de saintes Écritures, ni disciple ni maître, et pas de but à l'existence humaine. 20.13

Il n'y a pas d'être ou de non-être, pas d'unité ou de dualité. Qu'y a-t-il à dire de plus? Rien ne naît de moi. 20.14









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