Mevlana, Mesnevi, I, 3467-3500
Histoire de la discussion entre les Byzantins et les Chinois sur l'art de peindre et de faire des portraits.
Les Chinois disaient : "Nous sommes les meilleurs artistes" ; les Byzantins disaient : "C'est à nous qu'appartiennent le pouvoir et la perfection."
"Je vous mettrai à épreuve en cette affaire, dit le sultan, et je verrai lequel de vous a raison dans cette prétention."
Les Chinois et les Byzantins se mirent à discuter. Les Byzantins quittèrent le débat. Les Chinois dirent alors : "Attribuez-nous une certaine salle, et qu'il y en ait une pour eux aussi."
Il y avait deux pièces, dont les portes se faisaient face : les Chinois prirent l'une, les Byzantins l'autre. Les Chinois prièrent le roi de leur donner cent couleurs ; le roi ouvrit son trésor afin qu'ils reçoivent ce qu'ils désiraient. Chaque matin, par sa libéralité, les couleurs étaient octroyées de son trésor aux Chinois.
Les Byzantins déclarèrent : "Aucune teinte ni couleur ne conviennent à notre travail. Il ne faut rien que retirer la rouille."
Ils fermèrent la porte et se mirent à polir : les murs devinrent clairs et purs comme le ciel. Il y a un "chemin" de la bigarrure à l'absence de couleurs ; la couleur est semblable aux nuages, et l'absence de couleurs à la lune.
Quelque lumière et splendeur que tu voies dans les nuages, sache qu'elle provient des étoiles, de la lune et du soleil. Quand les Chinois eurent achevé leur tâche, de joie ils se mirent à battre du tambour. Le roi entra et vit les peintures : cette vision, lorsqu'il l'aperçut, ravit ses esprits. Ensuite, il alla vers les Byzantins : ils retirèrent le rideau qui les séparait. Le reflet de ces peintures et œuvres d'art des Chinois vint frapper ces murs qui avaient été purifiés de toute souillure. Tout ce que le sultan avait vu (dans la salle des Chinois) semblait plus splendide ici : cela ravissait le regard.
Les Byzantins, ô mon père, sont les soufis : ils sont sans études, sans livres, sans érudition. Mais ils ont poli leurs poitrines et les ont purifiées du désir, de la cupidité, de l'avarice, des haines. Cette pureté du miroir est, sans nul doute, le cœur qui reçoit d'innombrables images. Ce Moïse garde en son sein la forme infinie sans forme de l'Invisible, reflétée dans le miroir de son cœur. Bien que cette forme ne soit pas contenue dans le Ciel, ni dans l'empyrée, ni dans la sphère des étoiles, ni sur le globe qui repose sur le Poisson. Car toutes ces choses sont limitées et dénombrées - sache que le miroir du cœur est sans limites. Ici, l'entendement devient silencieux, sinon il induit en erreur, car le cœur est avec Dieu, ou plutôt le cœur, c'est Lui.
Le reflet de chaque image brille éternellement à partir du cœur seul jusqu'à l'éternité, tant dans la pluralité qu'en dehors d'elle. Jusqu'à l'éternité, chaque nouvelle image qui tombe sur le cœur y apparaît sans aucune imperfection. Ceux qui ont poli leur cœur ont échappée aux parfums et aux couleurs ; ils contemplent sans la Beauté à chaque instant. Ils ont abandonné la forme et l'écorce de la connaissance, ils ont brandi l'étendard de la certitude. La pensée s'est enfuie, et ils ont obtenu la lumière ; ils ont atteint l'essence et l'océan de la connaissance mystique.
La mort, qui effraie tous les hommes, ces gens la tournent en dérision. Nul ne remporte la victoire sur leurs coeurs : brise la coquille de l'huître, et non la perle. Bien qu'ils aient renoncé à la grammaire (nahw) et à la jurisprudence (fiqh), ils ont acquis cependant l'anéantissement mystique (mahw) et la pauvreté spirituelle (faqr).
Depuis que les formes des huit Paradis ont resplendi, elles ont trouvé les tablettes de leurs cœurs réceptives. De l'empyrée, de la sphère étoilée et du vide, ils reçoivent cent impressions ; quelles impressions ? En vérité, c'est la vision même de Dieu.
La mort, qui effraie tous les hommes, ces gens la tournent en dérision. Nul ne remporte la victoire sur leurs coeurs : brise la coquille de l'huître, et non la perle. Bien qu'ils aient renoncé à la grammaire (nahw) et à la jurisprudence (fiqh), ils ont acquis cependant l'anéantissement mystique (mahw) et la pauvreté spirituelle (faqr).
Depuis que les formes des huit Paradis ont resplendi, elles ont trouvé les tablettes de leurs cœurs réceptives. De l'empyrée, de la sphère étoilée et du vide, ils reçoivent cent impressions ; quelles impressions ? En vérité, c'est la vision même de Dieu.
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